Depuis les propos prêtés à la directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy sur les mouvements sectaires en France, l’Eglise de scientologie est revenue au centre du débat politique. Considérée comme une secte dans les rapports parlementaires français, régulièrement poursuivie par les tribunaux, elle bénéficie du statut de religion comme aux Etats-Unis.
"En France, les sectes sont un non-problème" : cette phrase attribuée à la directrice de cabinet du président de la République, Emmanuelle Mignon, dans un entretien au magazine
VSD du 20 février, a relancé, quelques semaines après les critiques formulées par Michèle Alliot-Marie à l’encontre de la Miviludes, la polémique sur l’orientation que souhaite donner le gouvernement dans la lutte contre les dérives sectaires.
Tout en démentant formellement ces propos dans un communiqué, la conseillère du chef de l’Etat s’est expliquée dans les colonnes du
Figaro sur son approche sur cette question.
Revenant sur les propos rapportés par
VSD selon lesquels elle juge "scandaleuse" la liste des mouvements sectaires établie en 1995 par une commission parlementaire, elle a expliqué : "Cette liste venait des Renseignements généraux et a été retranscrite dans un rapport parlementaire sur les sectes sans vérifications approfondies (…). Personne ne conteste aujourd’hui que certains mouvements n’auraient pas dû y figurer." Et d’ajouter en citant l’Eglise de scientologie : "Si ces mouvements ne troublent pas l’ordre public, il n’y a pas de raison de les interdire par respect pour la liberté de conscience."
Une mise au point qui, loin d’éteindre les crispations, a placé l’Elysée face à une nouvelle polémique sur les mouvements sectaires, le statut juridique et l’appréciation de la qualité de secte de l’Eglise de scientologie.
Reconnue comme une religion dans plusieurs pays européens et aux Etats-Unis, cette organisation est considérée comme un mouvement sectaire, en France, depuis 1995.
A la différence d’autres pays où la reconnaissance des religions repose sur un régime déclaratif, l’Etat français, sur la base de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat, ne définit pas la religion. Dans ce cadre, plusieurs commissions d’enquêtes ont été initiées à l’Assemblée nationale afin d’enquêter de manière plus approfondie sur le phénomène sectaire.
D’après les informations fournies par les Renseignements Généraux, la commission d’enquête parlementaire sur les sectes a établi, dans son rapport de 1995, une liste de 173 mouvements jugés sectaires, dont l’Eglise de scientologie, auxquels se sont ajoutés par la suite d’autres groupes dans le rapport de 1999. N’ont été retenus que les mouvements remplissant au moins un des dix critères de comportement sectaire définis, tels que l’emprise mentale, des exigences financières exorbitantes, les violences, le discours radical, ou bien encore la rupture avec l’environnement familial.
Les autorités françaises reprochent à l’Eglise de scientologie des pratiques de "déstabilisation mentale" et d’escroquerie. Un motif qui avait valu à son fondateur Ron Hubbard, en 1978, d’être condamné à quatre ans de prison. En 1997, des scientologues, poursuivis pour le suicide d’un adepte, qui s’était endetté pour payer une cure de "purification", avaient en revanche été relaxés à Lyon. Deux ans plus tard, cinq scientologues étaient condamnés, à Marseille, pour escroquerie, et en 2002, l’association scientologue d’Ile-de-France a été condamnée, avec son président, pour le fichage illicite d’anciens membres.
Plus récemment, en Italie, un fait divers impliquant un haut responsable du Celebrity Center parisien a fait grand bruit mi-janvier 2008, tandis que la Belgique se prépare à accueillir, en 2009, un procès fleuve impliquant douze membres de la scientologie soupçonnés d’extorsion, escroquerie et non-assistance à personne en danger.
A l’inverse, en novembre 2007, la plus haute instance juridique espagnole, l’Audience nationale, a obligé le ministère de la Justice à enregistrer cette Eglise sur le registre des associations religieuses, conférant à cette dernière les mêmes privilèges qu’aux catholiques. Le gouvernement allemand, lui, voyant en elle une secte qui se fait passer pour religion afin d’obtenir des fonds, vient de déclarer l’Eglise de scientologie comme étant "inconstitutionnelle".
![Scientologie : secte ou religion ? Camera-video](https://2img.net/h/ecoles.cstrois-lacs.qc.ca/endl/images/spectacles/camera-video.gif)
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