Les grands Mystères des Cathares

Qui étaient ces Cathares ?

Tout simplement des gens qui firent d’une théorie religieuse leur raison de vivre et de mourir.

Dieu, qui est bon, n’a pu créer que le monde spirituel, le monde matériel étant l’œuvre d’un dieu mauvais.

Autrement dit, dans le monde, rien n’est bon parce que ce n’est pas le Dieu bon qui a créé ce monde-là. Naïveté ? Simplicité ? C’est possible.

D’où venaient ces idées ?

Pour bien comprendre le mouvement cathare, il faut remonter très loin dans le temps. On constate, en effet, que bien avant l’épopée cathare, l’hérésie s’était manifestée en divers points d’Europe et les évènements en Pays d’Oc, plus tard, peuvent être considérés comme des éléments importants du combat mené par la Papauté contre les courants de pensée qu’elle redoutait.

En somme, au départ, cette hérésie s’appuyait sur les grands courants religieux de Zoroastre et de Bouddha. Zoroastre est mal situé dans le temps, on le dit du VIe ou du VIIe siècle avant notre ère, mais sans aucune précision.

Avec la réforme et la spiritualisation du Mazdéisme, qui est une très vieille religion solaire, c’est le grand départ de ce manichéisme qui, plus tard, va bouleverser l’Europe.

Le système est simple. Il y a le Bien et le Mal. Le Bien, c’est Ahura Mazda (la lumière) et le Mal, Ahrima (les ténèbres).

Zoroastre se présente comme un précurseur dans cette pensée qui annonce que le Mal sera vaincu et que la lumière appartiendra à tous après épuration des ténèbres et cela par le jeu de réincarnations successives.

Ainsi, tout ce qui vit doit être respecté et le mouvement interdit les sacrifices humains. Le temps passe et un autre «révolutionnaire» religieux apparaît au IIIe siècle de notre ère, à Babylone, sous le nom de Manès ou Manée, le 14 avril 216.

Ce sera lui le véritable fondateur du manichéisme, lui, né d’une mère curieusement appelée Myriam (qui est le nom de la Vierge), lui enfin qui va propager dés son enfance un enseignement qui est une véritable synthèse entre le christianisme primitif et les idées de Zoroastre dont nous venons de parler. Le principe de réincarnation sur lequel il s’appuie abat toutes les barrières sociales car celui qui est riche dans cette vie, pourra être pauvre dans une autre ou vice versa.

Plus de discrimination sexuelle, plus de maîtres, plus d’esclaves, le roi d’aujourd’hui sera peut-être le vagabond de demain.

On comprend alors le formidable bouleversement et surtout le dérangement qu’un tel phénomène peut apporter dans la société de cette époque et surtout au sein de l’Eglise elle-même. Et on comprend aussi la décision de combattre cette hérésie qui prône l’ascétisme, le détachement des biens terrestres, l’abstinence sexuelle et le jeûne pour parvenir à la libération de l’âme. Mais l’Eglise hésite encore alors que le mouvement spirituel ne cesse de se développer d’abord grâce aux Pauliniens qui vers l’an 600 fuyant les persécutions dont ils sont l’objet, cherchent refuge dans les Balkans et plus précisément en Bulgarie où apparaîtront, un siècle plus tard, les premiers Bogomiles que l’on surnommera les «bougres» (du nom «bulgare»).

Ces Bogomiles baptisent dans l’Esprit en une cérémonie qui préfigure déjà le «Consolamentum» des futurs Cathares : même rituel, imposition des mains pour faire «descendre la lumière divine dans celui qui la reçoit», prières, etc. Ces Bogomiles, «amis de Dieu», hérétiques dualistes et précurseurs des Cathares ont formé durant quatre siècles une véritable Eglise ralliant plus d’un million de fidèles.

Un mouvement qui sera désormais le moteur de toutes les révoltes religieuses du Moyen-Age, un mouvement qui fera tâche d’huile dans un régime féodal où les populations paysannes sont opprimées. Même des familles nobles spoliées par l’Eglise y adhérent.

Ce bogomolisme prend donc son essor en Bulgarie sous le règne de Pierre 1er (927-929). Nous ne disposons, hélas, que d’un apocryphe, document miraculeusement conservé grâce à l’Inquisition, et dont une version se trouve aux archives de celle-ci à Carcassonne, conservées à l’Evêché.

Le dualisme métaphysique du Bien et du Mal est maintenant bien implanté dans l’esprit bogomile.

L’homme peut remonter vers la «Divinité Originelle» à condition de se détacher du monde matériel dans lequel il se trouve prisonnier.

A la fin des temps, le Mal sera anéanti et le Dieu Véritable, unique, régnera sur la sphère divine. Le soleil en est le symbole. C’est l’astre vénéré par excellence. Beaucoup de chercheurs, comme le professeur Topentcharov, se sont alors demandés si les Bogomiles, par leurs diverses représentations solaires, n’auraient pas eu conscience de l’héliocentrisme de notre système planétaire.

En effet, très souvent, la rose solaire bogomile comporte un disque central avec, tout autour, six petits cercles qui sembleraient indiquer les orbites des six planètes de notre système solaire connues à cette époque. Le soleil étant l’axe du mécanisme planétaire est toujours montré en priorité. En somme, une cosmogonie qui ne sera officiellement découverte et reconnue que bien des siècles plus tard.