Les Ecoles des Mystères

Les Ecoles des Mystères

‘‘ Toutes les Ecoles des Mystères ont été bâties selon des lois divines et éternelles ’’


De l’Egypte antique aux écoles de Pythagore, de la Rose+Croix originelle au manichéisme, les écoles des mystères ont toujours donné la dimension sacrée de la vie sur terre. L’auteur nous parle ici de ces mystérieux groupes dédiés à la connaissance sacrée et à l’amour du savoir.

Les «écoles des Mystères» ont exercé de tous temps sur les peuples et les civilisations une influence directe et indirecte qui ne sont ni l’une ni l’autre à minimiser. Etant donné que ces influences ne sauraient procéder de spéculations intellectuelles ou d’imaginations maladives, il faut en conclure qu’il ait existé à l’arrière-plan des expériences hautement significatives.

Celui qui cherche à décrypter l’image qu’offrent les écoles des Mystères et leurs adeptes ne tarde pas à reconnaître qu’il s’agit d’expériences et de doctrines qui transcendent tout ce qui est lié aux données sensorielles et à la seule logique. Elles ne sont pour autant ni en contradiction avec les perceptions sensorielles ni avec les idées d’une intelligence logique : elles les englobent, tout en étant reliées à d’autres dimensions de la réalité du monde de l’espace-temps. De même que la mécanique est un cas limite de la théorie de la relativité, de même les perceptions, les représentations et conceptions humaines se situent à la frontière de la réalité spirituelle, laquelle, à en croire les disciples des Mystères, constitue le fond même de leur vie.

Ces derniers se sont efforcés de traduire cette réalité spirituelle à l’usage de la conscience sensorielle en se servant de signes, de symboles, de paraboles : toutes choses en rapport avec le monde sensoriel, présentant une analogie avec une réalité transcendante et en constituant la voie d’accès. Cependant, si on ne les considérait pas de cette façon mais uniquement comme des réalités du monde des sens, on s’interdirait de pouvoir suivre la voie qui mène à la réalité des Mystères, réalité qui dépasse de loin la conscience ordinaire de nature sensorielle, imprégnée de logique conceptuelle. Les doctrines de toutes les écoles des Mystères concordent sur un point : il y a des plans, des aspects de la réalité, qui sont soumis à des lois qui leur sont propres, qui ont, pourrait-on dire, «leurs propres programmes».

En principe, l’être humain peut avoir part à ces plans et se conformer à leurs «programmes», mais en pratique il ne fait l’expérience que d’une part restreinte de cette programmation et c’est dans cette mesure restreinte qu’il agit et pense consciemment.

Sur un premier plan, la situation de l’homme est comparable à celle d’une goutte d’eau qui serait perdue dans le vaste océan. La superficie de cette masse aquatique équivaudrait au monde de la sensation dans lequel l’homme se déplace péniblement ou encore se laisse porter par les flots. C’est avec plus ou moins de conscience qu’il effectue ses mouvements dans l’ensemble des causes et des effets, dirigé qu’il est par ses désirs, ses peurs, ses pensées et ses souvenirs. Les particules de la surface où il évolue se heurtent, s’entrechoquent selon des lois déterminées.
Les tensions et interactions du monde des hommes résultent du «programme» que constituent les lois naturelles, ainsi que celles de la psychologie et de la sociologie.
Mais, au-dessous des gouttes d’eau de la surface, s’étend un deuxième plan : la profondeur de l’océan, avec ses courants innombrables et insondables. Il s’agit d’un deuxième «programme», plus puissant que le premier et agissant sur lui. Ce deuxième programme régit donc la surface et la détermine. La doctrine des Mystères donne à ce deuxième plan le nom de «destin» ou de «karma», ou encore de monde des forces invisibles. C’est là le «monde intermédiaire» des bons ou mauvais «démons», et aussi le monde des morts ou des «ombres».

Le programme des profondeurs est plus puissant que celui de la surface. Selon les Mystères, c’est lui qui détermine, en tant que karma, la nature des perceptions, des pensées et des sentiments humains. C’est aussi lui qui est à l’origine des situations particulières de chacun : rencontres, circonstances, époque et lieu, famille et peuple qui caractérisent l’existence. De plus, c’est de ce deuxième plan de la réalité qu’émanent des influences d’«êtres sous ou surhumains» qui agissent puissamment sur la vie de la surface.
De même qu’une goutte de la surface n’est pas déterminée par le simple mouvement des vagues mais par les grands courants des profondeurs, de même la personne qui croit être gouvernée par les lois de la nature et de la société est ballottée çà et là par des lois et forces qui lui sont inconnues.

Et comme les gouttes de la surface sont attirées dans l’abîme des profondeurs, l’être humain, une fois achevé le cours de sa vie, plonge dans ce second plan de la réalité, pour émerger de nouveau, à un moment donné, dans un autre endroit et sous une autre forme, sur le premier plan. Il fait ainsi une nouvelle apparition dans le système de coordonnées de la surface : espace, temps et loi de causalité. La notion de réincarnation fait partie intégrante de la doctrine des Mystères.
Néanmoins, au-dessous de cet océan, se trouve une terre ferme. Ce domaine est lui aussi régi par des lois, par un «programme» qui englobe et marque de son empreinte les deux précédents. Selon les Mystères et l’allégorie présentée, la réalité comprend donc un troisième plan, celui de la Réalité suprême : le plan de l’Esprit, de l’être immuable.

Ce domaine de l’Esprit agit indirectement et par le truchement du second plan, sur la destinée humaine. En règle générale, l’homme a encore moins conscience de ce troisième plan que du deuxième, le monde intermédiaire, celui du karma, des «démons» et des «ombres». Aveugle à la réalité du troisième plan et aux cycles des réincarnations, il ne fait donc que tourner en rond à la surface de l’océan.
Et pourtant, selon l’enseignement des Mystères, le domaine de l’Esprit, celui du troisième plan, est la véritable patrie de l’homme. Son Soi véritable, le noyau de son être intime, est relié à la Réalité suprême.

Le troisième «programme» est susceptible d’intervenir de façon consciente et directe dans sa vie. Cependant, tant qu’il agit exclusivement au niveau des lois du premier programme, et qu’il est déterminé inconsciemment par les lois du deuxième plan, le Soi véritable et la suprême Réalité de l’Esprit auxquels il est lié n’ont aucune chance d’agir en lui de manière consciente et directe.
Nous avons l’habitude de nous représenter l’Esprit, non pas comme ce qu’il y a de plus profond, mais comme ce qu’il y a de plus haut. Cette habitude paraît donc déplacée dans le cas qui nous occupe.

Mais elle est de mise quand on observe les événements du point de vue du monde des sens. Sous cette condition le Soi véritable, le principe du monde spirituel en l’homme, déposé au plus profond de son être, semble alors caché sous les premier et deuxième plans, plus extérieurs. Si l’on veut parvenir jusqu’à l’Esprit, il faut descendre au plus profond de soi ou bien laisser monter cette profondeur jusqu’à la conscience. Du point de vue de l’Esprit, au contraire, c’est le monde sensoriel qui paraît être ce qu’il y a de plus bas et l’Esprit ce qu’il y a de plus haut.

Pour toutes les écoles des Mystères, il existe dans l’état actuel de l’humanité, une perturbation des rapports entre le monde des sens et des ombres et celui de l’Esprit. L’ordre véritable voudrait que le monde de l’Esprit pénètre le monde des sens et des ombres et préside directement à son organisation, afin qu’il soit l’expression pure et inaltérable de la force et des lois spirituelles. Au lieu de cela, il a pris son autonomie par rapport au monde de l’Esprit. L’«extérieur» l’emporte sur l’«intérieur», et même le rejette au point que celui-ci ne peut plus avoir qu’une action indirecte.

Le monde des sens et des ombres a cessé d’être une fonction et une expression de l’univers spirituel, il suit son propre chemin. Cette situation provoque un état de tension, un déséquilibre dont il faut venir à bout de quelque façon que ce soit.

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