L'exode du Paranormal
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 Le Sage

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geranium
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geranium


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MessageSujet: Le Sage   Le Sage Icon_minitimeDim 10 Aoû - 16:12

Le Sage Chouette-hulotte002


Le sage est un individu qui possède pleinement, accomplit, voire dépasse les facultés ou dispositions de la nature humaine, tant en ce qui concerne la connaissance que l'action.

Il représente l'idéal de vie humaine la plus haute, l'excellence dans le savoir ou dans la disposition au savoir, et le jugement sur toutes choses, en particulier sur les valeurs morales et les actions qui leurs sont liées.

En pratique, le sage peut être défini comme celui qui montre sa pensée non par la parole, mais par l'agir, c'est ainsi qu'il démontre le bien-fondé de sa pensée.

Ainsi, la vie du sage est-elle la démonstration de sa pensée, la force du sage est dans ses actes, et non dans le verbe, réservé au philosophe (voir Thalès et les moulins à huiles, pour comprendre ce qu'est la sagesse, ou la vie de Gandhi, pour comprendre comment par l'agir, le sage démontre la pertinence de sa philosophie). Socrate à ce titre, est l'archétype du sage antique, sa pratique de la maïeutique sur l'agora vaut toutes les démonstration.

Si le sage agit, c'est qu'il sait que seule la démonstration fait école, alors que les mots eux, s'envolent.

À l'instar du Lachès que Platon nous a représenté, les stoïciens (et les philosophes antiques en général), se méfient des discours théoriques qui ne se traduisent pas en actes et les méprisent ; un discours sur le sage n'a de valeur que s'il trouve à être réalisé. Plutarque nous résume la conception antique sur ce sujet :

« Je juge d'abord que l'accord des pensées doit apparaître dans la conduite de la vie. Autant et plus que l'orateur, selon Eschyne, doit dire la même chose que la loi, la vie du philosophe doit être d'accord avec son discours ; car le discours du philosophe est une loi choisie par lui et qui lui est propre, si l'on pense que la philosophie n'est pas un jeu et un bavardage en vue de la réputation, mais qu'elle est une œuvre digne du plus grand sérieux. »[9]

On ne peut donc parler du sage, sans parler de ce qu'il fait, puisque le sage agit comme sage, et non seulement comme individu se représentant ce qu'est un sage (le sage peut même être inconscient du fait qu'il est un sage). On peut toutefois, de manière théorique, faire une description du sage stoïcien dans son rapport au cosmos et à la nature, énoncer les difficultés de la possibilité du sage, et faire le portrait des non-sages. Ce sont là des lieux de la pensée stoïcienne.

Le sage, en suivant la nature - c'est-à-dire le dieu, la raison - en est l'incarnation, ou le reflêt en miniature. Il n'est plus seulement un homme, avec ses troubles, ses passions et ses erreurs ; il est dieu, ou il participe de la nature du dieu. Le sage est ainsi l'ami du dieu :

« Il y a entre l’homme de bien et les dieux une amitié dont le lien est la vertu. Une amitié, ai-je dit, non ; c’est plus encore : une parenté, une ressemblance. L’homme de bien ne diffère de Dieu que par la durée : il est son disciple, son émule, son véritable fils. L’être sublime dont il descend, sévère censeur de toutes vertus, est comme un père rigide : il élève durement sa famille[12]. »

Il est même, selon Sénèque (De la providence), supérieur au dieu, si l'on tient compte du fait que l'homme doit affronter en tant que mortel les adversités de la vie qui n'atteignent pas le dieu. Dieu est tel qui est ; l'homme, parce qu'il a à devenir comme son modèle, redouble son mérite.

Les limites de la nature humaine sont ainsi pour cette pensée l'occasion d'affirmer la puissance de l'homme, quand il parvient à surmonter sa condition misérable ; cette conception est ainsi l'exact opposé de toutes les conceptions religieuses et philosophiques qui font de la finitude (mort, misère de l'homme et limites de ses capacités) l'expression de sa déchéance existentielle ou de ses péchés.
Mais c'est une voie difficile, où le sage affronte la fortune :

« Les stoïciens, prenant une voie plus digne de l’homme, ne s’inquiètent point qu’elle paraisse riante à ceux qui s’y engagent : ils veulent au plus tôt nous tirer de péril et nous conduire à ce haut sommet tellement hors de toute atteinte qu’il domine la Fortune elle-même[13]. »
Le sage est ainsi au-dessus des contingences, de ce qui lui arrive, et l'adversité, loin de l'abattre, l'affermit dans sa vertu ; ce qui ne le tue pas le rend plus fort :

« Pourquoi s’étonner que l’homme de bien soit ébranlé pour être affermi ? Il n’est d’arbre solide et vigoureux que celui qui souffrit longtemps le choc de l’aquilon. Les assauts même qu’il essuie rendent sa fibre plus compacte, sa racine plus sûre et plus ferme. Il est fragile s’il a crû dans un vallon aimé du soleil. Concluons que l’intérêt des gens de bien, s’ils veulent que la crainte leur devienne étrangère, exige qu’ils marchent habituellement au milieu des terreurs de la vie et se résignent à ces accidents qui ne sont des maux que pour qui les supporte mal[14]. »

Ce qui est le destin du sage, destin qu'il consent à suivre sans hésiter :

« Quel est le devoir d’une âme vertueuse ? De s’abandonner au destin.
C’est une grande consolation d’être emporté avec l’univers.
Quelle que soit la loi qui nous impose cette vie et cette mort, elle est la même nécessité qui lie aussi les dieux : une marche irrévocable entraîne les choses humaines comme les choses divines. L’auteur et le moteur de l’univers a écrit la loi des destins, mais il y est soumis : il obéit toujours, il a ordonné une seule fois[15]. »
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MessageSujet: Re: Le Sage   Le Sage Icon_minitimeDim 10 Aoû - 16:17

Paradoxes du sage

Dès l'Antiquité, cette nature quasi-divine du sage définie par les stoïciens fut jugée impossible et paradoxale. On parle ainsi des paradoxes de la sagesse, tant la formulation de ce qu'est un sage dans le stoïcisme semble dépasser ce qui est humainement possible. Le sage est en effet seul roi, seul savant, seul habile dans les arts.

Cette conception, qui peut apparaître surréaliste pour un moderne, s'explique par une conception de la connaissance et de la morale qui part des dispositions de la personne qui sait et qui pratique réellement son savoir éthique.

Ainsi le sage n'est-il pas celui qui sait tout, comme la formulation des paradoxes pourrait le laisser croire, mais celui qui ne donne son adhésion qu'à ce qui est vrai et n'agit que d'après ce qui dépend réellement de lui.

C'est pourquoi, on ne peut devenir sage sans étudier la logique :

Sans connaissance de la dialectique, le sage ne peut être infaillible dans son raisonnement, car c’est par elle que l’on distingue le vrai du faux, et que l’on peut faire l’exacte différence entre ce qui est sûr et ce qui est douteux. Sans elle, on ne peut ni interroger ni répondre comme il faut, mais l’on donne dans le défaut qui consiste à tout nier, même le réel, en sorte que l’on tombe dans l’absurdité et la sottise, quand on a ainsi peu exercé sa réflexion.

Et le sage ne peut pas d’une autre façon paraître fin, ingénieux et habile en l’art d’exprimer sa pensée. La dialectique apprend à bien parler et à penser juste, à discuter sur les sujets proposés, à répondre aux questions posées, toutes choses que seul peut faire correctement l’homme très versé dans la dialectique[16].

Les sots


Le non-sage (stultus, le sot), par opposition, donne son assentiment à des représentations fausses ou confuses, et agit automatiquement d'après ses impressions sensibles, donc sans d'abord examiner ou réflechir ce par rapport à quoi il se détermine à agir.

Ces réactions automatiques sont comparables à celles des animaux, puisque l'animalité (définie par la psuchè) consiste en une sensibilité dont les impressions provoquent des impulsions ; mais l'animal raisonnable possède en outre la faculté de suspendre ce processus.

Or, les sots ne sont pas en toutes choses capables de suspendre leurs impulsions suscitées par des impressions sensibles ; ils sont donc souvent plus proche de l'animal que de l'homme.

L'humanité se divise ainsi en deux : les sages, et les non-sages. Il n'y a pas de degré dans la non-sagesse : tous les non-sages sont absolument non sages, de même que l'homme qui nage est dans l'eau qu'il soit au bord de la rive ou éloigné.

Le sage étant le seul savant, le seul agissant dans chacun de ces actes suivant la nature, le reste de l'humanité est donc constituée d'hommes déments :

Les bonnes opinions ne sont‑ce pas celles des sages, et les mauvaises celles des fous ?[17]

Ce que fait le sage


Dans le stoïcisme, l'image du sage est fréquemment évoquée comme norme ; en tant que telle, elle trouve sa formulation la plus générale comme question :

Que ferait le sage dans cette situation ?
C'est la question que doit se poser celui qui veut progresser vers la sagesse lorsqu'il se trouve dans l'incertitude. Sénèque approuvait ainsi le précepte épicurien :

"Agis comme si Épicure te regardait."
Il reste alors à décrire ce qu'est le sage en action. Or, c'est à une psychologie du sage en action que se livrent Sénèque et tous les penseurs qui s'attachent non à théoriser, mais à montrer en pratique les principes suivis par le sage. Le sage n'est pas une théorie, ni une conscience de ce qu'est être sage ; le sage, ce sont les principes réalisés, c'est-à-dire l'action et les jugements qui précèdent l'action.

Dans la perspective des paradoxes du sage, on peut poser que le stoïcisme est une sagesse de l'action, que ces deux notions sont bien près de s'équivaloir, et qu'il n'y a pas d'action qui ne soit d'un sage : seul le sage agit, puisque les sots se laissent gouverner par les passions.

Le bien et la vertu


En accord avec la nature, le sage stoïcien s'illustre par son action droite et conforme en toutes circonstances à ses principes ; Caton le Jeune fut par exemple un modèle pour certains stoïciens :

« Pour ce qui est de Caton, te disais-je, rassure-toi : car jamais le sage ne peut recevoir d’injure ni d’humiliation ; et Caton nous fut donné par les dieux immortels comme un modèle plus infaillible qu’Ulysse ou Hercule, héros des premiers âges, proclamés comme sages par nos stoïciens, comme indomptables aux travaux, contempteurs de la volupté et victorieux de toutes les terreurs. »[18]
Le stoïcisme reprend la conception socratique du mal, en affirmant l'immunité du sage en ce qui concerne le mal :

L’injure a pour but de faire du mal à quelqu’un : or la sagesse ne laisse point place au mal. Il n’est de mal pour elle que la honte, laquelle n’a point accès où habitent déjà l’honneur et la vertu : l’injure ne va donc point jusqu’au sage. Car si elle est la souffrance d’un mal, dès que le sage n’en souffre aucun, aucune injure ne peut le toucher.[19]
Si rien ne peut le toucher, c'est parce qu'il juge droitement sur la valeur des choses, il est donné au sage seul de savoir apprécier chaque chose à sa juste valeur, écartant biens et maux comme indifférents, et ne jugeant de valeur que ce qui dépend de lui :

I. 1. Parmi les choses qui existent, certaines dépendent de nous, d’autres non. De nous, dépendent la pensée, l’impulsion, le désir, l’aversion, bref, tout ce en quoi c’est nous qui agissons ; ne dépendent pas de nous le corps, l’argent, la réputation, les charges publiques, tout ce en quoi ce n’est pas nous qui agissons.
I. 2. Ce qui dépend de nous est libre naturellement, ne connaît ni obstacles ni entraves ; ce qui n’en dépend pas est faible, esclave, exposé aux obstacles et nous est étranger.[20]

Le sage est ainsi seul libre, parce qu'il possède ce qui dépend de lui, et ne désire pas ce qui ne dépend pas de lui.

Et c'est l'adhésion à la nature qui est le bien fondamental, la vertu véritable dont la possession rend invincible :

« En face des appareils les plus terribles son œil est fixe, intrépide ; son visage ne change nullement, qu’elle ait de dures épreuves ou des succès en perspective. Donc le sage ne perdra rien dont il puisse ressentir la perte. Il a en effet pour seule possession la vertu, dont on ne l’expulsera jamais ; de tout le reste il n’use qu’à titre précaire : or quel homme est touché de perdre ce qui n’est pas à lui ?[21] »

Usage du monde et bonnes affections


Le sage n'usera des biens que dans la mesure de leur utilité (ce sont les préférables), et s'il se marie, a des enfants et participe à la vie politique, il ne fait là que remplir des fonctions propres à la nature humaine :

le sage ne s'attache pas, ne pleure pas la mort de sa femme, de ses enfants, n'éprouve pas de passion amoureuse ; en revanche il éprouvera de la sympathie pour tous les hommes, en tant qu'être humain, et de l'amitié à l'égard de ses pairs :

« Qu’est-ce qu’un ami ? » — « Un autre moi-même. »[22]
Zénon va plus loin en formulant ce paradoxe du sage, que le sage seul sait aimer, le sage seul mérite le nom d'ami[23] :

On lui [à Zénon] reproche encore d’avoir déclaré dans le même livre que seuls sont citoyens, amis, familiers et libres, les sages, en sorte qu’un Stoïcien doit tenir ses parents et ses enfants pour ses ennemis s’ils ne sont pas sages[24].
Mais si le sage est impassible, et n'est pas l'esclave de passions dont autrui est l'objet, il n'est pas insensible ; il éprouvera ainsi les bons sentiments, c'est-à-dire ceux qui découlent de son état de sage, et qui le rendent heureux d'être soi :

Les Stoïciens disent encore qu’il y a trois bonnes affections : la joie, la prudence, la volonté ; la joie est le contraire du plaisir, car elle est un désir raisonné ; la prudence est le contraire de la crainte, car elle est une fuite raisonnée, ainsi le sage n’a jamais peur, mais il est toujours sur ses gardes. Enfin la volonté est le contraire du désir, en ce qu’elle est un souhait raisonné. Tout comme les principales passions, les principales bonnes affections comportent des espèces : ainsi la volonté comprend la bienveillance, le calme, la douceur et l’affection. La prudence comprend : la pudeur, la chasteté ; enfin la joie comprend la gaieté, l’enjouement, la bonne humeur[25].

Le sage et le temps


Le sage se possède par sa vertu ; et par cet empire sur les réalités qui seules ont de la valeur, le sage est le seul riche :

Reprends possession de toi-même[26].
Les sots en effet ne se possèdent pas, mais dilapident ce qui en eux est de valeur ; le reste est fausse richesse.
Sénèque situe cette prise de possession nécessaire à l'accès au statut de sage, dans le temps :

Montre-moi un homme qui mette au temps le moindre prix, qui sache ce que vaut un jour, qui comprenne que chaque jour il meurt en détail ! Car c’est notre erreur de ne voir la mort que devant nous : en grande partie déjà on l’a laissée derrière ; tout l’espace franchi est à elle[27].
Le sage est maître du temps.

Nous ne manquons pas de temps pour vivre, nous ne vivons pas notre temps : le sot vit à côté de sa vie, en subissant le temps des autres. Le sage se revendique, et conquiert ainsi sa liberté. Cet état de liberté lui permet de vivre chaque instant comme un acomplissement de sa nature, et de mourir sans regret : il ne peut plus en effet rien ajouter à la perfection de son être, et il ne désire plus rien qui soit étranger à lui-même.
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MessageSujet: Re: Le Sage   Le Sage Icon_minitimeDim 10 Aoû - 16:21

La mise en cause du sage


Bien que le sage soit une figure majeure de la pensée antique, il serait incorrect d'affirmer qu'il fût unanimement accepté. Plusieurs niveaux de refus de cette figure peuvent être distingués selon les raisons que l'on oppose à la possibilité et à la nature du sage.

Le sage et la société


Comme Pierre Hadot le répète dans plusieurs de ses études[30], la principale difficulté que rencontre le progressant est la conversion radicale que demande la philosophie. Il ne s'agit pas en effet, en étudiant la philosophie, d'acquérir un savoir théorique (d'être, comme le dit Épictète, un étudiant arrogant ou professeur dont le travail est de commenter des textes), mais de vivre sa philosophie.

Or, cette vie est tout simplement ridicule aux yeux des profanes, de même que réciproquement, les profanes sont des sots aux yeux du sage.

Le sage, et celui qui veut le devenir, passe donc pour fou, et il apparaît comme un homme se livrant à des occupations vaines (cf. Théétète de Platon), voir contre-nature (notamment parce que le sage est amené à agir contre son intérêt, en agissant avec justice). Le sage est donc, selon Epictète, un homme au statut ambigu : en tant que modèle, il peut faire l'objet d'une forte admiration populaire, comme en témoignent par exemple les statues de philosophes ; mais, d'un autre côté, cette sagesse peut être l'objet de railleries, et le progressant peut ressentir de la honte à vouloir devenir sage.
Il s'agit moins, ici, d'une contestation de la figure du sage, que d'une incompréhension sur sa nature.

Le sage et la force


Une autre manière de tenir le sage des philosophes pour fou, est de renverser la valeur de l'opposition (et non l'opposition elle-même) entre la loi naturelle et la loi conventionnelle.
Platon nous a laissé plusieurs témoignages sur ce point : il nous fait en effet le portrait de plusieurs sophistes qui se font du sage une idée à contre-courant de la philosophie antique traditionnelle.

Cette idée est une critique bien plus virulente que l'idée vague que les non-philosophes peuvent s'en faire, car elle touche aux principes mêmes qui doivent conduire la vie, et les modifie.
Dans la République, Thrasymaque argumente ainsi : la justice naturelle est ce qui est le plus avantageux au plus fort ; et le plus fort est celui qui ne se trompe pas dans la compréhension de ce qui lui est avantageux. Le but de tous les hommes, ce qui rend vraiment heureux, c'est de mettre la puissance aux services des passions et des intérêts de celui qui la possède. L'injustice est sage et vertueuse.
Dans le Gorgias, Calliclès :

Mais, selon moi, les lois sont faites pour les faibles et par le grand nombre. C’est pour eux et dans leur intérêt qu’ils les font et qu’ils distribuent les éloges ou les blâmes ; et, pour effrayer les plus forts, ceux qui sont capables d’avoir l’avantage sur eux, pour les empêcher de l’obtenir, ils disent qu’il est honteux et injuste d’ambitionner plus que sa part et que c’est en cela que consiste l’injustice, à vouloir posséder plus que les autres ; quant à eux, j’imagine qu’ils se contentent d’être sur le pied de l’égalité avec ceux qui valent mieux qu’eux. XXXIX. — Voilà pourquoi, dans l’ordre de la loi, on déclare injuste et laide l’ambition d’avoir plus que le commun des hommes, et c’est ce qu’on appelle injustice. Mais je vois que la nature elle‑même proclame qu’il est juste que le meilleur ait plus que le pire et le plus puissant que le plus faible. Elle nous montre par mille exemples qu’il en est ainsi et que non seulement dans le monde animal, mais encore dans le genre humain, dans les cités et les races entières, on a jugé que la justice voulait que le plus fort commandât au moins fort et fût mieux partagé que lui.
Dans ce cas, les sophistes ne nient pas l'existence du sage, mais procèdent à un renversement des valeurs, qui est comparable à l'inversion des valeurs à laquelle Nietzsche procèdera 2200 ans plus tard : le sage des philosophes est l'homme faible des sophistes ; et le sage des sophistes est le méchant des philosophes, ce qui aboutit à une formule paradoxale en apparence, à savoir que le sage est injuste, et que l'injustice est sa vertu, au sens où la vertu est la qualité propre d'un être et non une disposition morale.

Le sage et le bonheur


D'autres formes de contestation concernent les thèses sur les conditions psychologiques et cognitives du sage.
Ainsi, Hégésias de Cyrène, niant le bonheur, semble devoir nier la possibilité du sage.

« Le bonheur est chose absolument impossible, car le corps est accablé de nombreuses souffrances, l’âme qui participe à ces souffrances du corps en est aussi troublée, enfin la Fortune empêche la réalisation de bon nombre de nos espoirs, si bien que pour ces raisons le bonheur n’a pas d’existence réelle » (Diogène Laërce, II, 94)
Plusieurs raisons empêchent donc que l'homme devienne sage : les troubles du corps et de l'âme ; la Fortune, qui fait obstacle à la réalisation des fins de nos actions. Hégésias nie ainsi précisément ce qui fait le sage : la maîtrise de soi, et l'indépendance à l'égard de ce qui nous arrive.

On peut voir dans cette doctrine pessimiste, une protestation contre le stoïcisme qui prétend surmonter la douleur, en considérant qu'il suffit simplement de juger qu'elle n'est pas un mal. Pascal, quelques millénaires plus tard, sera du même avis, et trouvera que cette idée du sage est ridicule.

Le sage et la connaissance


Les sceptiques, niant la connaissance, nieraient donc que l'on puisse être sage. En effet, pour le sceptique, sur tout sujet, il est possible d'avancer, avec la même force, des thèses contraires.

Le jugement sur la nature des choses se révèlent impossible, et il ne reste que l'opinion et une forme probable de jugement.

L'homme ne peut donc être savant, et, partant, il ne saurait y avoir de sage. Une anecdote illustre cette difficulté :

Cléanthe, comme nous l’avons dit, fut après Zénon, le maître de Sphéros du Bosphore, qui après avoir poussé assez loin ses études, s’en alla à Alexandrie chez Ptolémée Philopator. La discussion étant venue un jour sur le fait de savoir si le sage pouvait se tromper, Sphéros affirma que non. Le roi, voulant le confondre, lui fit apporter des grenades de cire et Sphéros se laissa tromper, et le roi triomphant lui cria qu’il s’était laissé prendre à une opinion fausse[31].
Pour le sceptique, cette anecdote révèle qu'il n'est pas possible de distinguer une représentation vraie d'une fausse.

Cependant, les sceptiques affirment une certaine forme de bonheur, l'ataraxie, qui survient par la suspension du jugement. On peut donc considérer que cette ataraxie caractérise le sage sceptique, bien qu'il ne s'agisse pas là d'une fin réellement recherchée par le philosophe sceptique.
Tous ces opposants au sage antique n'en conservent pas moins généralement une certaine forme, amoindrie, mais réelle.

Il faut attendre l'avènement du christianisme pour voir se développer l'opposition la plus tranchée qui soit à l'égard de l'homme sage, sa négation pure et simple.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Sage
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MessageSujet: Re: Le Sage   Le Sage Icon_minitimeDim 10 Aoû - 16:28

Oh bah zut alors, qui eu cru que ça me chiffonnerait autant de réaliser et de lire ce topic ???

Suis un peu déstabilisée sur ce coup ... Voir perplexe !

Citation :
Le sage n'usera des biens que dans la mesure de leur utilité (ce sont les préférables), et s'il se marie, a des enfants et participe à la vie politique, il ne fait là que remplir des fonctions propres à la nature humaine :

le sage ne s'attache pas, ne pleure pas la mort de sa femme, de ses enfants, n'éprouve pas de passion amoureuse ; en revanche il éprouvera de la sympathie pour tous les hommes, en tant qu'être humain, et de l'amitié à l'égard de ses pairs :

« Qu’est-ce qu’un ami ? » — « Un autre moi-même. »[22]
Zénon va plus loin en formulant ce paradoxe du sage, que le sage seul sait aimer, le sage seul mérite le nom d'ami[23] :


Citation :
Mais si le sage est impassible, et n'est pas l'esclave de passions dont autrui est l'objet, il n'est pas insensible ; il éprouvera ainsi les bons sentiments, c'est-à-dire ceux qui découlent de son état de sage, et qui le rendent heureux d'être soi :

Ces quelques lignes, résonnent en moi de façon très bizarres !

Et me poussent à une profonde réflexion ....

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MessageSujet: Re: Le Sage   Le Sage Icon_minitime

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