Crémation & Religions

La crémation est une technique funéraire visant à brûler et réduire « en cendres » le corps d'un être humain.
Longtemps marginale, la crémation est devenue aujourd'hui une pratique courante. La crémation qu’est-ce que c’est ? Comment les choses se passent concrètement ? Quelles sont les raisons de ce choix ? Que signifient-elles? Quelle est la valeur humaine de cette pratique ? Comment est-elle vécue par les survivants ? Quelles sont ses interférences avec le travail de deuil ?

En Occident, les comportements funéraires ont considérablement changé depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale.

Mais la crémation n’est plus une contestation de l’Eglise catholique, c’est un véritable phénomène de société. Reportage.

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On peut noter comme tendance majeure, qu'en dehors de certaines religions très rigoristes et traditionalistes, l'évolution a tendance à donner priorité au choix de l'homme, en respect de sa liberté...

LE CATHOLICISME :
a longtemps vu dans la crémation une opposition à la foi chrétienne mais celle-ci n'a plus cours aujourd'hui. En témoignent l'encyclopédie "Catholicisme" (1952) qui continuait de voir dans la pratique crématiste "une intention plus ou moins déguisée de substituer au symbolisme spiritualiste et chrétien de l'inhumation un symbole matérialiste et païen" et à l'opposé, la décision de la Congrégation du Saint-Office du 8 mai 1963 qui a donc mis fin à près d'un siècle d'interdiction formelle de la crémation qui avait été primitivement décrétée par une interdiction papale du 19 Mai 1886.
Cette évolution a pu heurter de nombreux catholiques nourris au catéchisme primaire de deux credos "je crois à la résurrection de la chair et à la vie éternelle" ou bien "je crois à la résurrection des morts et à la vie du monde à venir". Dans une approche plus élevée, Monseigneur HOUSSET, évêque de Montauban, nous a confié que la crémation n'était pas contradictoire avec la résurrection. "La résurrection, en effet, n'est pas une réanimation ou un retour à la forme corporelle du jour. Elle est une transformation radicale de la personne, impossible à nous représenter pour l'instant, aussi différente que la transformation d'une chenille qui devient papillon" ou encore, comme le dit le père Jean VERNETTE "notre corps de demain ne sera pas plus semblable au corps d'aujourd'hui que le grain de blé ne l'est à la semence et, cependant, c'est bien le même corps".
Pour autant l'église catholique souhaite, dans son ensemble, que les services religieux soient effectués en présence du corps du défunt et non sur ses cendres. Pourtant un rituel, autorisé par la Congrégation pour le culte du 25 janvier 1972, peut s'exercer, avec le responsable de l'église, lors d'une cérémonie post-crémation en présence de l'urne contenant les cendres du défunt. L'autorisation est, en principe, délivrée par l'évêque du diocèse (territoire placé sous la juridiction d'un évêque, très souvent le département).
LE PROTESTANTISME :
a autorisé la crémation dès 1887 c'est à dire dès sa légalisation. Cela vient sans doute du fait que le protestantisme est dépourvu d'un rituel articulant gestes, paroles et liturgie en faveur de la mort. Croire que l'on peut prier pour les morts semble, en effet, dénué de sens pour un protestant. Pour lui le salut vient de la grâce seule, il n'y a qu'à Dieu que le culte peut être rendu.
Pour les protestants aucun argument théologique ne s'oppose à la crémation y compris, là aussi, l'idée de résurrection car, comprise dans sa dimension symbolique elle invite avant tout le croyant à prendre au sérieux le spirituel mais aussi le corporel/matériel.
Le pasteur Laurent GAGNEBIN pense que "la question est moins religieuse que psychologique et personnelle. Certains, par exemple, peuvent être séduits par le symbole du feu purificateur (?) ou celui de l'anéantissement complet, de la fusion avec la nature. A cela s'ajoute, notamment dans les grandes agglomérations, une considération rationnelle, la crémation répond alors à une logique de gestion de l'espace urbain lorsqu'il y a de moins en moins de place pour enterrer les morts : c'est, notamment, ce qui se passe en Suisse où le recours à la crémation est devenu un phénomène majoritaire".
Les protestants sont, eux aussi, favorables à la présence du cercueil dans le temple, de manière à mieux signifier que le deuil passe par une reconnaissance pleine et entière de la mort.

LE JUDAISME :
interdit formellement la crémation car la mise en terre est une obligation absolue de la Bible. "Le corps doit être protégé de tout traitement dégradant. Il doit rester entier et intact pour sa sépulture afin que l'âme puisse s'élever. En fait nous ne sommes pas maîtres de notre corps et nous ne pouvons pas en disposer comme nous le souhaitons" (Rabbin WEILL du Consistoire de Paris).
Notons que le corps devant rester entier le don d'organes est également proscrit et qu'il faut toujours reconstituer le corps avant de l'enterrer dans la mesure du possible.
Remarquons également que pour la communauté Juive le terme "crémation" est indissociable de "fours crématoires" et de génocide. Ceux qui choisissent de ne pas être inhumés emploient le terme d'incinération ou disent brûlés...
En pratique certains rabbins acceptent malgré tout de célébrer les funérailles de fidèles souhaitant la crémation. Dans ce cas, la cérémonie a généralement lieu avant la crémation mais il n'y a pas de règles établies puisque pas d'avalisation officielle. Les Cendres sont parfois enterrées. La crémation reste, évidemment, un sujet délicat chez les pratiquants et les rabbins acceptant la crémation semblent préférer ne pas prendre officiellement position sur la question.
En fait, bien qu'il s'avère impossible d'obtenir le moindre chiffre le choix de la crémation dans la communauté juive augmente peu à peu comme dans l'ensemble de la population française même s'il reste largement minoritaire encore aujourd'hui.

L'ISLAM :
ne fait que reprendre l'enseignement des prophètes à travers le Coran qui ne connaît pas de séparation entre le temporel et le spirituel. La mort n'est pas une coupure mais une continuité. Dans le Coran rien n'est écrit sur l'inhumation et les cérémonies après la mort. Ce n'est pas le Coran qui détermine les funérailles, c'est la tradition musulmane c'est à dire les interprétations du texte faites par les docteurs de la loi.
En ce qui concerne l'incinération il y a une interprétation fondée sur un verset du Coran où il est dit "aucune atteinte à l'oeuvre de Dieu". Certains docteurs en théologie en ont déduit que l'incinération ne peut avoir lieu. La seule loi immuable c'est le Coran, la tradition, elle, peut être discutée. Mais la tradition s'oppose formellement à l'incinération ce qui explique qu'aucun musulman ne se fait incinérer".
N.B. : Dans ce texte il est question "d'incinération" au lieu de "crémation" car les musulmans n'utilisent que le terme "incinération".

L'HINDOUISME :
L'Inde compte aujourd'hui plus de 900 millions d'individus dont 80 % sont adeptes de la religion hindoue. Cette religion comprend des milliers de divinités car les chemins menant à Dieu sont innombrables. Parmi les plus honorés on retiendra "Brahma, Vishnou, Shiva" mais aussi Ganesh, le Dieu à tête d'éléphant, seigneur de la chance. Malgré ce manque d'unité, la règle veut que les Hindous soient incinérés après leur mort, le souhait le plus exprimé étant que ces cendres soient jetées dans les eaux purificatrices du Gange, la cité de Bénarès étant considérée comme un lieu de passage privilégié entre la terre et le ciel.
Pratiquement les crémations se déroulent sur des bûchers alimentés essentiellement par du bois. Les femmes n'ont pas le droit d'assister à la crémation dont le prix est calculé en fonction de la caste et du statut du défunt : aux pauvres on demande une petite somme d'argent, d'un maharadjah on peut exiger le prix d'un éléphant et des bijoux...
La Crémation dure entre deux et trois heures : les hanches des femmes et les poitrines des hommes, qui résistent mieux aux flammes sont jetées, non entièrement consumées, dans le fleuve. Les cendres suivront...

LE BOUDHISME :
est en Asie, la religion majoritaire du Tibet, du Srilanka, de la Corée, du Laos, de Birmanie, du Cambodge, de Thaïlande, du Vietnam et du Japon. Pourtant, de plus en plus d'Occidentaux (on en dénombrerait plus de 600 000 en France) se sentent actuellement attirés par cette forme de pensée qui consacre le triomphe du spirituel sur le matériel. Pour ces derniers il semble que, majoritairement, le bouddhisme soit considéré davantage comme une philosophie que comme une religion.
Bouddha conseillait à ses disciples de "pratiquer les vertus" plutôt que de s'occuper de sa cérémonie funéraire. De guerre lasse il finit par répondre à leurs questions insistantes en leur conseillant de procéder à la crémation de son corps après sa mort, ce qui en fait, sans doute, le plus célèbre crématiste du monde.
Les rites de crémation, dans le détail desquels il est difficile de rentrer sont variables d'un lieu à l'autre même très proches comme le Laos et le Cambodge par exemple.
En conclusion, on peut dire que si, dans la lettre, la crémation des corps n'est pas obligatoire chez les bouddhistes, elle demeure, dans la pratique, une règle très largement suivie tout en étant soumise à des impératifs variant selon chaque pays concerné.

http://www.cremation-france-ffc.com/WWAWP/WWAWP.EXE/CONNECT/webstffc

A mon avis, l'âme à besoin de temps pour partir du corps, si ma mémoire est bonne, nous avons 3 corps astral, le premier se décolle tout de suite après la mort, le second lui faut 3 jours, et le troisième 3 semaines, alors, le coup du four ???
Voici, un lien :


http://sergecaillet.blogspot.com/2007/05/lincineration-des-corps-selon-lordre.html

"Choisir la crémation, c’est vouloir maîtriser sa vie au-delà de la mort"


François Michaud Nérard, qui dirige les services funéraires de Paris, est l’auteur de La révolution de la mort, (éd. Vuibert, espace Ethique)


Pour la première fois, une majorité de Français (51% d’après un sondage Ifop) souhaite être crématisé plutôt qu’inhumé. Comment l’expliquez-vous ?

D’abord, une précision : quand on choisit la crémation, c’est pour soi-même. Si le défunt n’a pas exprimé ce souhait dans ses volontés, par défaut, il est inhumé.

Ensuite, ce qui pousse à choisir la crémation, c’est d’abord la volonté de ne pas être une charge pour son entourage au-delà de la mort (pas de sépulture à acquérir, de tombe à entretenir…).

S’ajoute à cela une préoccupation écologique, car la décomposition des corps pollue les sols –mais pas plus que la crémation ne pollue l’air. Le slogan des crématistes, c’est d’ailleurs « Laissons la terre aux vivants ».

Mais il y a aussi bien sûr la peur de la décomposition du corps.



Choisir la crémation, c’est aussi marquer sa volonté de maîtriser sa vie jusque par-delà la mort. Plutôt que de laisser son corps aux caprices de la nature, l’homme fait en deux heures ce que la nature fait en dix ans.

Si les Français veulent la crémation pour eux-mêmes, ils préfèrent l’inhumation pour leur entourage…



Oui. Quand on se projette dans sa propre mort, on accepte volontiers d’être « néantisé ». Mais quand un de nos proches décède, on préfère généralement l’inhumation, qui nous offre plus de repères. Mais attention, ce n’est pas parce qu’il y a crémation qu’il n’y a plus rien.



On peut choisir de garder l’urne chez soi ou dans le tombeau familial, pour avoir un lieu de recueillement. Quoiqu’il en soit, l’entourage du défunt a besoin de repères face à la mort. C’est pour cela que le marketing funéraire –avec des urnes design et des cercueils en forme de violon- ne marche jamais. Face à la mort, on veut être rassuré. Il n’y a pas secteur plus conservateur et traditionnel que le funéraire.



Quel regard notre société porte-t-elle sur la mort aujourd’hui ?



La mort est largement taboue.

Tout ce qui tourne autour de la naissance (contraception, avortement, fécondation in vitro…) est aujourd’hui largement maîtrisé. La santé intervient de manière croissante en politique, dans les réglementations de l’alcool et de la vitesse, dans les campagnes de prévention (« faites du sport, mangez cinq fruits et légumes par jour) et dans la délivrance des soins.



Chaque partie du corps a désormais son thérapeute.

Mais, face à la mort, la médecine échoue toujours.

Dans un monde où tout doit être sous contrôle, la mort est la démonstration même de la vanité de cette quête.

Avant, mourir de sa belle mort, c’était agoniser assez longtemps pour que l’entourage ait le temps de se rassembler pour dire au revoir…



Oui et maintenant, on évacue la mort. 75% des gens meurent dans un milieu médical, 85% hors de leur domicile et un tiers des décès ont lieu suite à une décision médicale.

Aujourd’hui il n’y a plus la mort mais les morts : la mort anticipée, quand la personne est âgée et qu’elle est en maison médicalisée depuis dix ans.

Dans ce cas, la mort est sociale avant d’être physique.



Il y aussi la mort consécutive à des soins palliatifs, à laquelle et le patient et l’entourage sont préparés ; la mort d’une personne jeune qui désoriente tout ; la mort injuste d’un enfant...



Alexandra Bogaert
Metrofrance.com

IL MANQUE ENCORE DES VOTES !!!!