Le pape appelle ses cardinaux à renoncer au style mondain
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Benoît XVI a créé samedi 22 nouveaux cardinaux, les appelant ainsi que tous ceux qui servent l'Eglise catholique à "renoncer au style mondain du pouvoir et de la gloire", au moment où des fuites organisées font peser un malaise sur l'administration vaticane.
Silence sur ce qui fâche
"Domination et service, égoïsme et altruisme, possession et don, intérêt et gratuité: ces logiques profondément opposées se confrontent à toute époque et en tout lieu. Il n'y a aucun doute sur la voie choisie par Jésus", a-t-il affirmé lors de ce 4e consistoire de son pontificat dans le cadre solennel de la basilique Saint-Pierre.
S'adressant aux 22 nouveaux cardinaux, le pape a souligné qu'"il leur est demandé de servir l'Église avec amour et vigueur, avec la clarté et la sagesse des maîtres, avec l'énergie et la force morale des pasteurs, avec la fidélité et le courage des martyrs".
Le pape n'a pas fait d'allusion directe au malaise actuel dans l'administration du Vatican après la révélation par la presse italienne de documents top secrets où il est question d'un pseudo-complot contre lui, de reproches de corruption et de transferts d'argent de la banque du Vatican.
Nominations et canonisations
Le pape a appelé les cardinaux en latin et a remis la barrette (toque rouge), l'anneau et le titre prestigieux de "prince de l'Eglise" à seize prélats européens, deux Américains, un Canadien, un Brésilien, un Indien et un Chinois de Hong Kong.
Au cours de cette longue cérémonie, à laquelle a assisté le chef du gouvernement italien Mario Monti, le pape a souligné que les nouveaux cardinaux seraient "appelés à considérer et à apprécier les situations, les problèmes et les critères pastoraux qui touchent la mission de toute l'Église".
Benoît XVI a annoncé la canonisation de quatre femmes et de trois hommes, dont la première sainte d'origine indienne d'Amérique du Nord, Kateri Tekakwitha, de la tribu Mohawk, née en 1656 dans l'Etat de New York. La cérémonie aura lieu le 21 octobre au Vatican. Sur les 22 nouveaux cardinaux, seuls les 18 ayant moins de 80 ans pourront voter pour choisir le successeur de Joseph Ratzinger en cas de conclave.
"Trop" d'Italiens
Désormais 63 cardinaux ont été créés par le pape allemand sur les 125 que compte le collège des électeurs. Les 62 autres avaient été créés par Jean Paul II. Au total l'effectif du "sacré collège" est porté à 213. Beaucoup de nominations étaient quasi automatiques: c'est le cas pour des sièges épiscopaux prestigieux réservés à des cardinaux (Utrecht, Florence, Berlin, Prague, Toronto, New York). C'est le cas aussi pour certains cardinaux travaillant pour le gouvernement de l'Eglise (curie). Au total dix prélats de curie ont reçu la barrette.
En nommant sept Italiens, le pape allemand, qui fêtera ses 85 ans en avril, porte leur effectif à 30 électeurs. Une disproportion regrettée par certains, donnant des chances plus fortes qu'un Italien redevienne pape, après les pontificats d'un Polonais et d'un Allemand. A côté des 67 Européens au collège des cardinaux électeurs, les autres contingents ne font guère le poids: 22 Sud-Américains, 15 Nord-Américains, 11 Africains, 9 Asiatiques et un Océanien. A part le Brésilien de la Curie Joao Braz de Aviz, aucun nouveau promu ne provient d'Amérique Latine, le continent qui compte le plus de catholiques au monde.
L'Eglise européenne doit cesser "de regarder de haut" les autres continents, et le collège des cardinaux doit devenir "plus universel", a préconisé ce dernier à l'agence I.Media. "On ne peut plus considérer que l'Amérique latine, l'Asie ou l'Afrique n'ont pas changé, qu'elles sont encore des colonies ou le tiers-monde", a-t-il ajouté.
Parmi les personnalités en vue promues, figure notamment l'archevêque de New York, Mgr Timothy Michael Dolan, 61 ans, qui a pris position contre le mariage gay, et Mgr John Tong Hon, 72 ans, évêque de Hong Kong.
(afp/acx)