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Avec la mort de Kim Jong-Il disparaît l'un des derniers grands leaders affabulateurs de tous les temps. Propagande, culte de sa propre personne poussée à l'extrême, le "Cher leader" nord-coréen véhiculait auprès de son peuple l'image d'un surhumain, presque divin, et a entretenu à son propre dessein les légendes les plus folles. Du lapin géant au champion de golf, en passant par l'iceberg parlant, retour sur dix d'entre elles. À lire sur Gawker.
1. Les manuels scolaires nord-coréens sont formels. La naissance de Kim Jong-Il est le fruit d'un événement surnaturel. La légende prétend qu'il serait né dans une cabane de rondins d'une base secrète érigée sur le mont sacré Paekdu. Sa naissance aurait été accompagnée de l'apparition d'une nouvelle étoile et serait à l'origine du passage de l'hiver au printemps. Plus fort encore, la naissance du divin enfant aurait été accueillie par un double arc-en-ciel et...un iceberg parlant. Si les Nord-Coréens sont tenus d'y croire dur comme fer, la réalité indique que Kim Jong-Il est né il y a 69 ou 70 ans dans un camp de la guérilla en Russie, où son père, Kim Il Sung, se trouvait.
2. En 2006, Kim Jong-Il entend parler de Karl Szmolinsky, un Allemand éleveur de lapins géants. Le numéro 1 nord-coréen y voit le parfait moyen idéal d'endiguer la famine dont souffrent les habitants de son pays. Carton d'invitation, prise de rendez-vous, billets d'avion et projet de construction d'une ferme d'élevage de lapins géants à Pyongyang: comme toujours, le chef d'Etat voit les choses en grand. Préalablement, il achète 12 lapins à Szmolinsky, à 100 euros pièce, et lui promet de les garder dans un zoo de la capitale durant quelques mois et de l'inviter par après pour mettre sur pied une ferme d'élevage. Cinq ou six mois plus tard, Pyongyang signale à Szmolinsky l'annulation du projet et du voyage. Si l'on ignore la raison, l'éleveur croit savoir que Kim Jong-Il n'a pas résisté à manger les lapins à l'occasion de son anniversaire.
3. Selon les manuels d'Etat, Kim Jong-Il, dans sa quête de l'homme surnaturel, ne produit ni selles, ni urine. Kim Jong-Il est donc mort sans avoir jamais tiré une chasse d'eau. Chapeau!
4. Kim Jong-Il se distinguait également dans le domaine sportif. Et particulièrement au golf. Et n'hésitait pas à se qualifier de meilleur joueur du monde. En 1994, les médias nord-coréens ont conté ses exploits sportifs, où, lors d'une partie, il aurait rendu une carte de 38 sous le par d'un parcours 18 trous (bien entendu), avec pas moins de 5 trous en un. Doigts dans le nez et mains dans les poches. Facile!
5. En 1989, à l'approche du festival mondial de la jeunesse et des étudiants, organisé à Pyongyang, le pouvoir a délogé les handicapés de la capitale. Le gouvernement a par ailleurs procédé à la distribution de dépliants vantant les mérites d'un super médicament qui guérit en un temps record. Le régime a également déporté les citoyens de petite taille sur des îles inhabitées dans l'espoir de débarrasser son pays des "gênes imparfaits".
6. Il emprisonna des parents de condamnés, convaincu que la criminalité se transmettait sur 3 générations.
7. Phobique de l'avion, Kim Jong-Il ne se déplaçait qu'en train. Un train blindé, bien entendu, Celui certainement il a trouvé la mort.
8. Grand amateur de Cognac, Kim Jong-Il était l'un des plus grands clients de la marque Hennessy. Il lui arrivait de dépenser annuellement jusqu'à 850.000 dollars (653.000 euros) pour savourer son breuvage préféré.
9. En 1978, Kim Jong-Il kidnappe le réalisateur sud-coréen Shin Sang-Ok et le garde prisonnier, avec son épouse, pendant huit ans. Il souhaitait les contraindre à réaliser des films à la gloire du pays, sur lesquels il était l'unique producteur exécutif. L'une des réalisations les plus folles fut sans doute l'adaptation en 1985 de Godzilla, intitulée " Pulgasari", version socialiste fantasmagorique démontrant la supériorité du régime communiste sur le développement anarchique et consumériste du capitalisme. Le couple de cinéastes parviendra à s'échapper en 1986 lors d'une convention à Vienne. Il fuit aux Etats-Unis, où il demandera l'asile politique. Plus tard, Jong-Il ordonnera à son ministre de la Culture de se concentrer sur la réalisation de dessins animés.
10. Kijong-Dong est un village, construit dans les années 1950 par le père de Kim Jong-Il, proche de la frontière sud-coréenne censé démontrer à l'éternel rival la supériorité du régime de Pyongyang. Ce "village de la paix", dépourvu de résidents, fonctionne pourtant comme une ville réelle. Surnommé le "village de la propagande" par les sud-coréens, il compte des bâtiments vides et sans fenêtres. En son centre, s'élève un mât de 160 mètres de haut surmonté du plus grand drapeau du monde. (LS, Los Angeles)