La sexomnie ou le sexe en dormant La sexomnie est un mal méconnu, voire tabou. Il s'agit d'une sorte de somnambulisme sexuel qui n’a rien d’une perversion ou d’une anormalité mais qui est un vrai problème médical, pouvant avoir de lourdes répercussions. Des solutions existent elles ? Faut-il en parler ? Quelques éléments de réponses.
On pourrait décrire la sexomnie comme un phénomène de
somnambulisme sexuel. Les personnes
atteintes se mettent à se masturber ou à avoir les mêmes réactions physiques que lors d'un rapport : érection, lubrification vaginale, montée du désir... Petite précision pour vous rassurer : on ne nait pas
sexomniaque, on le devient.
C’est une affection provoquée par certaines circonstances particulières, notamment par une
difficulté à gérer ou surmonter notre stress et nos fantasmes inexprimés. Donc il est possible de reprendre le contrôle de la situation : en changeant de travail, en prenant une maîtresse ou un amant... ou si vous préférez (et on vous le recommande !) en lisant ce qui suit.
Un mal encore tabouEtre sexomniaque n'est pas rose tous les jours. Parfois associée par erreur à la
nymphomanie ou à l’érotomanie, cette maladie n'a pas d'origine médicale établie mais découlerait du stress, de la
trop forte consommation d'alcool ou de drogues.
La sexomnie peut être aussi le résultat de longues frustrations. Plus qu'un problème individuel, elle peut causer une
incompréhension chez le partenaire, voire une peur.
En effet, le sexomniaque peut utiliser comme
objet d'assouvissement la personne près de lui, sans s'en rendre compte !
Les sexomniaques peuvent avoir plusieurs rapports en une nuit sans en ressentir la fatigue, ce qui est bien sûr très différent pour le partenaire... La vie de couple s'en trouve perturbée.
Il n'y a
plus de partage, et l'incompréhension peut s'installer.
Pour éviter que la situation n’empire, la sexomnie nécessite une prise en charge médicale dans un centre du sommeil ou par un thérapeute.
Isabelle Arnulf, neurologue au centre du sommeil de l'hôpital de la Salpêtrière à Paris, nous éclaire :
"La sexomnie est une maladie réelle identifiée il y a une vingtaine d'années, qui peut entraîner un vrai malaise psychologique chez les patients. Elle diffère du somnambulisme par un réveil plus brutal et
comporte des activités motrices réduites. Mais comme le somnambulisme, le malade dispose d'une forme de conscience onirique", précise-t-elle. Si vous êtes sexomniaque, ne vous considérez pas non
plus comme un monstre, vous êtes seulement quelqu'un de
plus érotisé que la moyenne, ou plus
sensible :
"A travers le subconscient resurgissent des évènements mal vécus de la journée ou des problèmes personnels refoulés",
explique le docteur Arnulf.
un obstacle sentimentalPour beaucoup de sexomniaques, ce problème
psychosomatique s'est révélé au fil d'échecs sentimentaux plus ou moins répétés. C'est seulement au prix d'une
thérapie ciblée que les personnes atteintes arrivent à se départir du problème et surtout à rassurer leur conjoint.
Stéphane, 24 ans et sexomniaque, déclare l’annoncer toujours au préalable à ses partenaires, suite à de nombreuses ruptures dues à ce phénomène, mais aussi pour en finir avec le
célibat.
"Après la surprise vient le moment de l'adaptation ; même en étant suivi médicalement, je ne garantis rien alors, si jamais un «incident» arrive durant la nuit... ça passe ou ça casse, constate-t-il.
Il faut me prendre tel que je suis, j'ai longtemps évité les rencontres à cause de ce problème."
Pour les femmes aussi, ce trouble peut s'avérer gênant : certes, leurs partenaires peuvent trouver d’abord un «attrait» à se faire réveiller en pleine nuit par une compagne endormie, mais ils peuvent s'en effrayer par la suite. Etre
insatiable de façon répétée chaque nuit peut comporter des avantages, mais pour le partenaire, quoi de plus vexant que d’avoir le sentiment d’être « utilisé » et de se réveiller au côté d'un(e) amnésique?
Certaines femmes dont le partenaire est sexomniaque peuvent mal vivre la situation, mais
n'osent pas forcément recourir à un spécialiste.
Chantal, 42 ans, avoue ne pas pouvoir forcer son mari à suivre une thérapie:
"Il ne me parle pas de sa vie sexuelle alors il ne le fera sûrement pas devant un tiers. Je souffre surtout du manque de tendresse lorsqu'il agit en dormant. Il me parle crûment, m'empoigne violemment... j'ai été jusqu'à le gifler pour le réveiller". Une situation dont son conjoint n'a plus
aucun souvenir le lendemain :
"Il s'excuse et me dit qu'il ne se rappelle de rien, je ne peux pas lui en vouloir", conclut Chantal.
Comment se soignerSi les accès de sexomnie sont occasionnels, c'est plutôt inoffensif mais s’ils deviennent réguliers, il vaut mieux consulter.
Il existe plusieurs moyens de mettre un terme à cette maladie. N'essayez pas de solutionner votre sexomnie ou celle de votre conjoint seul(e). Il est indispensable d'
en parler à un spécialiste.
Tournez-vous vers des centres adaptés comme le
Centre du Sommeil et de la Vigilance de l'Hôtel Dieu de Paris, vous ferez l'objet d'une étude spécialisée. Plusieurs mois peuvent néanmoins s'écouler entre la prise de contact et la consultation en elle-même, alors
armez-vous de patience, et surtout dialoguez avec votre partenaire… Se lier les mains ou s'assommer de somnifères n'est pas très indiqué ! Il est préférable de
parler de vos soucis, de vos sources de stress, de vos inquiétudes, des
fantasmes ou envies que vous n’avez pas osé exprimer jusqu’ici : c’est déjà un premier pas vers la
résolution de ce problème, en attendant d’avoir l’avis d’un spécialiste.
Un site avec de nombreuses adresses de cliniques en France vous permettra de trouver l'aide qui vous correspond: www.e-sommeil.com.
"Lorsque l'on est en couple il est important de ne pas considérer la sexomnie comme une perversion, rapporte Isabelle Arnulf. Il faut soutenir son conjoint et chercher avec lui des issues. Par exemple l'hypnose ou l'acupuncture peuvent à terme apporter la relaxation. Mais ce n'est qu'une solution temporaire car le stress est un facteur important, certes, mais ce n'est que la partie émergé de l'iceberg".
Attention, les traitements contre les désordres du sommeil, comme les
tranquillisants, ou contre la dépression comme le Valium, accentuent le risque de sexomnie. Le meilleur recours est vraiment de
vous tourner vers un psychologue pour vous aider à mettre un terme aux tracas du quotidien, aux idées refoulées ou au stress.
http://www.journalducouple.com