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 Littérature ufologique et dérives conspirationnistes

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MessageSujet: Littérature ufologique et dérives conspirationnistes   Littérature ufologique et dérives conspirationnistes Icon_minitimeVen 5 Fév - 22:19

Littérature ufologique et dérives conspirationnistes

Par Emmanuel Kreis et Stéphane François


Le texte qui suit est extrait d’une conférence intitulée « L’ufologie radicale : entre subculture politique, occultisme et théosophie », prononcée le 27 avril 2008 dans le cadre des soirées Politica Hermetica.


Nous publions cet article en deux parties sur EzoOccult avec l’aimable autorisation des deux auteurs dont l’ouvrage Le complot cosmique est désormais disponible à la vente. Ce texte est d’abord paru, en octobre 2009, sur le site Conspiracy Watch.


Nous allons vous parler ce soir de l’ufologie et plus particulièrement de certaines de ses dérives. En effet, nous avons constaté depuis une quinzaine d’années l’émergence et la banalisation d’une littérature singulière mêlant ufologie, théorie du complot, éléments empruntés à l’occultisme et/ou à la théosophie et des discours politiques radicaux échappés du néo-nazisme le plus hétérodoxe et, plus largement, d’une certaine extrême droite « occultisante ».


Notre première rencontre avec ce type de discours s’est faite par Les Sociétés secrètes et leur pouvoir au XXe siècle de Jan van Helsing (alias Jan Udo Holey – NDLR) publié par les éditions Ewertverlag S.L., installées aux Canaries et qui possédait à cette époque une adresse française à Tourrette sur Loup
(Alpes-Maritimes) au nom de « Monsieur Félix ».

En 2001, la maison se délocalise à l’île Maurice devenant par la même occasion les Éditions Félix, du nom d’un personnage qui apparaissait déjà derrière Ewertverlag S.L. La première publication de ce nouvel éditeur fut le Livre jaune N°5. Pierre-André Taguieff n’hésite pas à qualifier le Livre Jaune de « best-seller
». En effet, sa première publication fut indubitablement un succès dans les pays germanophones avec plus de 100 000 exemplaires vendus en Allemagne, Autriche et Suisse.



L’Allemand Jan Udo Holey est pourtant un personnage pour le moins discret. L’ufologue américain Peter Moon affirme, dans son livre The Black Sun, l’avoir rencontré en 1994 lors d’une escale à Newark alors qu’il se rendait à Hawaï. Moon le décrit comme une ancienne figure de la scène punk allemande qui aurait abandonné la musique suite à la révélation de ses capacités médiumniques grâce à un skinhead rencontré par hasard. L’ex-punk tombe alors dans un coma d’une semaine et demi au cours duquel il subit des sorties astrales, des décorporations, et a des visions diverses de « pyramides », de différentes divinités et de l’avenir.
Selon Peter Moon, ces expériences poussèrent Jan van Helsing vers des recherches sur l’ésotérisme, l’occultisme et les sociétés secrètes .


Les sociétés secrètes et leur pouvoir au XXe siècle se présente comme une relecture de l’histoire des
XIXe et XXe siècles qui tiendrait compte de ce qui n’est « pas rendu public ». Pierre-André Taguieff résume l’ouvrage ainsi :



« Dans la grande conspiration mondiale qui est dénoncée, les Juifs tiennent la première place :
non seulement ils sont partout (y compris sous divers masques : Roosevelt, Staline, Helmut Kohl ou George W. Bush), mais ils sont derrière les pouvoirs visibles et sont capables de tout (ils seraient responsables de la troisième guerre mondiale à venir !). Stéréotypes de l’infiltration, de la domination
sans limites, de la manipulation et de la cruauté destructrice, appliqués à la critique de la démocratie, ils conduisent à récuser celle-ci comme un décor trompeur occultant la réalité ploutocratique du pouvoir politique
».



Selon van Helsing, ces conspirateurs cacheraient à l’humanité, pour l’utiliser à leurs propres fins, « l’énergie libre » qu’aurait découverte Nikola Tesla et qui pourrait définitivement régler les problèmes mondiaux. Les nazis furent, d’après lui, les premiers à l’utiliser, réussissant à créer des disques volants aux
capacités surprenantes.



Le Livre jaune n°5 se présente comme un enchevêtrement complexe juxtaposant différents discours.
Van Helsing entrecroise le New Age, l’ufologie nazie, le conspirationnisme antijudéo-maçonnique, et l’aryosophie, multipliant ainsi les cibles potentielles de l’ouvrage. Comme nous le verrons, ce Livre Jaune n’est pas un cas isolé et la question se pose de comprendre comment ces textes et discours ont pu voir le jour et quelles sont les raisons de leurs succès ?



Nous devons préciser que les textes que nous nous proposons d’étudier ne sont qu’une recombinaison
plus ou moins originale d’idées préexistantes. Cet aspect n’est pas propre aux discours que nous abordons ici, les idées dites « nouvelles » ne sont en effet généralement que des idées existantes qui s’enrichissent des différents apports et des évolutions apportées par ceux qui les formulent. Pour démêler cet écheveau nous avons décidés de prendre comme axe l’ufologie. Ce choix est en partie arbitraire, pour démêler un nœud, il faut bien commencer par un bout, mais, également, si l’on considère l’ensemble de ces catégories de discours (conspirationnisme, « ésotérisme », expression politique radicale, etc.) l’ufologie est sans doute la plus récente. Nous pouvons ainsi voir comment elle intègre les formes de discours antérieurs et les synthétises pour créer un nouveau discours homogène.


L’ufologie

L’ufologie peut être brièvement définie comme la croyance aux soucoupes volantes et aux extraterrestres. Le néologisme « ufologie » a été créé sur la base de l’expression anglo-saxonne « UFO » ou Unidentified Flying Object, dont la traduction donne le français OVNI ou Objet Volant Non Identifié. L’ufologie est donc la « science » des soucoupes volantes. Cette dernière expression a été vulgarisée en 1947 lors de la première observation d’ovnis par l’Américain Kenneth Arnold : un journaliste qui s’entretenait avec Kenneth Arnold a forgé cette expression à partir du témoignage d’Arnold qui lui décrivait des objets en forme de soucoupes. D’ailleurs, dans un premier temps, la presse parla plutôt de flying disks. De plus, dans ce milieu, les extraterrestres sont parfois appelés « EBE », acronyme signifiant Entité Biologique Extraterrestre, ou « Petits Gris » (en anglais Short Greys) du fait de leurs caractéristiques physiques supposées, soit une petite taille et une couleur de peau grise.


L’ufologie a été popularisée dans les années 1960-1970, avant de décliner au début des années 1990. Dans le même temps, elle est passée de la sphère contre ou sub-culturel à la culture populaire de masse conduisant à son institutionnalisation avec par exemple des films tel que Rencontre du 3e type, E.T., la
série télévisée Les Envahisseurs, les livres a très grand succès du journaliste Jean-Claude Bourret sur ce thème, des dessins animés comme Goldorak, etc.



Les ufologues peuvent se distinguer en fonction du contenu et de la radicalité de leur discours :
certains croient en l’existence des extraterrestres et des ovnis ; d’autres postulent leur action sur Terre depuis des temps immémoriaux ; certains leur confèrent une attitude généreuse vis-à-vis des Hommes tandis que d’autres leur attribuent au contraire un caractère hostile ; enfin, les derniers sombrent dans un discours ésotérico-conspirationniste effréné.
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MessageSujet: Re: Littérature ufologique et dérives conspirationnistes   Littérature ufologique et dérives conspirationnistes Icon_minitimeVen 5 Fév - 22:31

Rencontre avec le conspirationnisme

La théorie du complot, appelée aussi « conspirationnisme » ou « complotisme » — il n’existe pas encore
de néologisme définitif —, est une vision paranoïaque de l’Histoire et de la société :



« Il s’agit de ces théories qui interprètent des pans entiers de l’Histoire (et singulièrement de l’histoire contemporaine), voire la totalité de l’histoire humaine, comme le résultat de l’intervention de « forces obscures », agissant de façon souterraine, pour parvenir à des fins inavouables. La conspiration revêt en
général une forme hiérarchique, pyramidale, séparant les manipulés inconscients, les complices actifs et les manipulateurs eux-mêmes. Elle s’emploie à « dominer le monde », c’est-à-dire à contrôler la vie
politique, l’activité économique et le tissu social. Elle dispose pour ce faire de relais privilégiés. Elle emploie tous les moyens, y compris les plus méprisables et les plus odieux, pour substituer aux pouvoirs établis, visibles, l’autorité d’un pouvoir supérieur, occulte, dénué de toute légitimité.
»



La théorie du complot ufologique est née avec les premières enquêtes gouvernementales, donc dès les
années 1950. Les gouvernements des différents pays occidentaux concernés par ces phénomènes ont souvent conclu à l’inexistence des soucoupes volantes. Selon les ufologues conspirationnistes, les États européens, y compris soviétique, seraient à l’origine de cette campagne de désinformation.



Le premier lieu d’apparition et d’expression du complot ufologique est bien entendu les États-Unis, où la commission militaire Project Blue Book, créée dans les années 1950, et celle qui lui a succédée à la fin des années 1960, la commission civile Condon, du nom de son rapporteur, ont abouti à la conclusion que les soucoupes volantes et les extraterrestres sont le fruit de l’imagination de personnes fragiles, voire d’esprits malades. Cette maladresse est particulièrement flagrante dans le rapport de la commission Condon. Ce scientifique avait fait sienne la profession de foi anti-extraterrestre, ce qui fut considéré, par les ufologues, comme une provocation. L’attitude de ce scientifique alimenta la thèse de la désinformation et du complot.

Selon le courant conspirationniste de l’ufologie américaine, le gouvernement américain, l’ONU ainsi que les gouvernements européens, dont français, auraient fait alliance avec des extraterrestres dans le but d’asservir la Terre et de leur fournir des cobayes humains. Selon ce courant, l’État fédéral aurait conclu un accord en 1947, à la suite de l’affaire Roswell, avec les EBEs en échange d’un transfert de technologie. Il aurait ainsi fourni des bases souterraines et donné le droit d’enlever des citoyens américains pour leurs expériences. Les transferts de technologie auraient commencé en 1954 dans les domaines de l’informatique, de la biologie (le génome, le clonage, etc.). En 1957, des fonds auraient été
débloqués pour aménager les bases. À partir de cette date, les gouvernements se seraient assurés de l’aide de scientifiques, dont des astronomes, pour nier l’existence des ovnis.


En fait, la polémique à propos de la soi-disant volonté de l’État américain de désinformer date des
origines de l’ufologie, c’est-à-dire dès 1947, lors de la médiatisation du fait divers de Roswell au Nouveau-Mexique. Le 2 juillet 1947, l’armée américaine publie un communiqué affirmant qu’elle détient les restes d’une soucoupe volante qui s’est abattue près de la ville de Roswell. Les forces armées américaines ont rapidement nié cette découverte puis découragé la diffusion d’informations, y compris au sein de ses propres rangs, envenimant aussitôt l’« affaire » et scindant l’opinion entre les partisans de l’ufologie et ses détracteurs, souvent rationalistes. La polémique concernant Roswell dure jusqu’en 1954 avant de devenir un mythe, sinon le « Mythe » fondateur, de « l’ufologie conspirationniste ».



En France, l’organisme officiel chargé de la désinformation, selon les ufologues conspirationnistes français – dont l’auteur de romans de science-fiction Jimmy Guieu et ses amis -, était le GEPAN (Groupe d’Études des Phénomènes Aéro-spatiaux Non-identifiés) qui dépendait du CNES (Centre National d’Études Spatiales). Il fut remplacé, par la suite, par le SEPRA (Service d’Études des Phénomènes des Rentrées
Atmosphériques).



D’abord bénin, le conspirationnisme ufologique désirait à l’origine prouver que les extraterrestres existaient et que certains États étaient en contact, d’une façon ou d’une autre, avec eux, il se radicalise ensuite dans les années 1980. Ce conspirationnisme a été alimenté en parti par le fait que certains scientifiques chargés de démontrer l’inexistence des extraterrestres ont changé de camp. L’exemple le plus frappant est le cas de l’Américain J. Allen Hynek, célèbre aux Etats-Unis, qui fut le directeur d’un observatoire atomique et durant, vingt ans, l’expert de l’armée pour ces questions avant de devenir un partisan de l’existence de la vie extraterrestre.


L’ufologie et le radicalisme de droite

Dès les origines de l’ufologie nous pouvons constater chez certains ufologues des relations plus ou moins explicites avec les droites radicales. En mars 1951, le « pulp magazine » Fate publia un article d’un personnage encore inconnu qui affirmait posséder des photographies d’ovnis. Il s’agissait de George Adamski , homme de 59 ans qui travaillait dans un bar situé sur le versant méridional du mont Palomar et qui devait devenir célèbre pour être le premier homme à être contacté par les extraterrestres.
En effet, en novembre 1952, dans le désert de californien aux environs de Desert Center, notre homme, selon ses dires, rentra en contact avec un Vénusien d’une angélique beauté, grand, blond aux yeux bleu,
etc. Le message de l’E.B.E. fut laissé sous une forme pour le moins incongru, en effet il s’agissait de l’empreinte de ses semelles sur lesquelles figurait un swastika.
À ce sujet, Peter Moon affirme, sans que nous ayons pu le contrôler, que « le témoignage d’Adamski n’est pas innocent. Les gens qui ont soutenu Adamski étaient en relation avec des nazis ou bien étaient des
néonazis. Avec en toile de fond, cette idée que les extraterrestres étaient des individus de grande taille, blonds avec des yeux bleus, s’exprimant avec un accent allemand
». Adamski fait donc, dès les années 1950, ufologie et national-socialisme.



En Europe, nous pouvons également constater des relations précoces entre l’ufologie et les droites
radicales. Au début des années 1960, Robert Charroux contribue à amalgamer dans son discours une vision racialiste nordiciste et antisémite, et des théories ufologiques. Il développe ainsi dans Le livre des secrets trahis, publié en 1964, l’idée selon laquelle les Aryens porteurs de la « semence quasi divine des hommes venus d’une autre planète » auraient, à partir de l’Hyperborée, porté la culture de par le monde. Selon lui, les Hyperboréens, ancêtres des « Aryens », c’est-à-dire des Blancs, étaient des extraterrestres originaires de Vénus. Les Hyperboréens seraient devenus ensuite les tuteurs des premiers hommes, donnant implicitement une supériorité civilisationnelle aux peuples blancs sur les autres peuples. Selon lui, les Juifs, jadis de « purs Aryens », auraient trahi leur haute mission par leurs « unions dégradantes » avec des « races bestiales ».
Désormais animés d’un « rêve satanique » de domination mondiale, ils professeraient « des idées de mégalomanie, néfastes à la paix et à la morale » et contribueraient à plonger les sociétés dans le « chaos ». La race aryenne serait donc menacée par un complot juif, par la montée en puissance des « races Jaunes et Noirs », ainsi que par la détérioration de leurs gènes et la décadence liée à une vie oisive dans une société d’abondance.


Cette rencontre au premier abord improbable entre le discours de certains mouvement radicaux et
ufologie est appelée à connaître un certain succès, d’autant qu’elle s’enrichie du thème des armes secrètes nazis à la fin des années 1960 et au début des années 1970. Ainsi, le négationniste germano-canadien Ernst Zündel et le diplomate néo-nazi chilien Miguel Serrano ont développé une argumentation sur les supposés liens entre les soucoupes volantes et le nazisme.


Serrano est persuadé que Hitler quitta Berlin en 1945 pour l’Antarctique à bord d’une soucoupe volante, elle-même invention de la « science nazie ». L’origine de cette thèse est à chercher dans un texte publié en 1947, Je sais que Hitler est vivant de Ladislas Szabo. Cette théorie sera reprise ultérieurement par un militant néo-nazi allemand exilé en Amérique Latine, Willibald Mattern, qui l’associera à une autre théorie, celle des armes secrètes nazies. Nous nous retrouvons, dès lors, devant un autre mythe nazi, celui des armes secrètes du IIIe Reich. La plus légendaire de celles-ci est indéniablement le V7, un mythe
technologique lancé par la presse allemande dans les années cinquante. Le lien entre les soucoupes volantes et les armes secrètes nazies apparaît dans un article du journal Der Spiegel du 30 mars 1950 . La légende du V7 est née de la recomposition de plusieurs articles sérieux et d’autres plus fantasques sur les
armes secrètes nazies, la synthèse finale étant faite par un affabulateur suisse la décennie suivante, Georg Klein.



Cette idée que les nazis possédaient une science révolutionnaire fut popularisée durant les années 1960 par deux auteurs français Jaques Bergier et Louis Pauwels, qui suite à leur livre à succès Le Matin des Magiciens, ont fondé la revue Planète.
Selon Pauwels et Bergier, les nazis étaient persuadés qu’il existait une science secrète primordiale aux « intonations » magiques, mais surtout que cette dernière, de nature aryenne, s’opposait à la science « judéo-libérale ». Cette science « nordique » est, selon Pauwels et Bergier, « un ésotérisme qui prendrait sa source dans tout ce qui constitue le fond de l’ésotérisme ». Pour eux, la spéculation ésotérique nazie « s’est inscrite dans les faits. Elle a agi sur les événements. Il semble que ces événements ne deviennent vraiment compréhensibles que sous cet éclairage. Ils restent horribles, mais éclairés de la sorte, ils deviennent autre chose que des douleurs infligées aux hommes par des fous et des méchants, ils donnent à l’histoire une certaine amplitude, ils rétablissent celle-ci au niveau où elle cesse d’être absurde et mérite d’être vécue, même dans la souffrance : le niveau spirituel. Ce que nous voulons faire comprendre, c’est qu’une civilisation entièrement différente de la nôtre est apparue en Allemagne et
s’est maintenue pendant quelques années. Qu’une civilisation aussi profondément étrangère ait pu s’établir en un rien de temps n’est pas, à y regarder, impensable…
»



Cette idée d’une science nazie « révolutionnaire » popularisée par le couple Bergier/Pauwels a conduit, à partir de la seconde moitié des années 1970, plusieurs groupuscules ou militants néo-nazis à utiliser les thèmes des armes secrètes et soucoupes volantes nazies pour tenter de diffuser leurs idées dans les milieux ufologiques. Ainsi, une éphémère revue, Brisant, reprit tous les poncifs sur les ovnis nazis et développa assez ouvertement une idéologie nazifiante. Un seul numéro fut publié en 1978, mais il fut cité dans plusieurs publications ufologiques à grand tirage.
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MessageSujet: Re: Littérature ufologique et dérives conspirationnistes   Littérature ufologique et dérives conspirationnistes Icon_minitimeVen 5 Fév - 22:42

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L’ufologie et les courants « ésotériques »

Si nous avons déjà souligné les liens existants entre l’ufologie et le conspirationnisme et les droites
radicales, nous devons également préciser la place d’un discours « ésotérique » dans cette rencontre.


Dès son émergence, l’ufologie entretient des relations avec les courrant ésotériques. Si nous considérons le cas George Adamski – le premier homme contacté par un extraterrestre qui se plaisait à souligner son intérêt pour les sciences et se faisait appeler « Professeur » -, son passé cache pourtant des affiliations
bien différentes. Entre 1913 et 1919, il se consacra à l’occultisme et fonda dans les années 30 une lamaserie à Laguna Beach en Californie, avec une école ésotérique du nom de « l’Ordre Royal du Tibet » où il enseignait la « Loi Universelle ». Dès le début, l’enseignement d’Adamski comportait une forte
influence théosophique à laquelle il se contenta en 1947 d’ajouter une composante ufologique.


Selon Adamski les récentes apparitions dans le ciel seraient le signe du retour des « Seigneurs de la Flamme » qui descendirent pour la première fois sur Terre, il y a dix-huit million d’années, pour transformer les antiques races terrestres inintelligentes en êtres pensants. Leur souvenir dans l’inconscient est à l’origine des différentes religions et leur retour est dû à la perte par les hommes du contrôle de leur destin du fait de la prolifération des armes atomiques.

Comme nous pouvons le constater, nous sommes en présence, dès les années 1950, d’une interrelation
entre des doctrines ésotériques et les ovnis.


Il serait trop long de faire ici une généalogie exhaustive du thème que nous abordons et nous nous
contenterons donc simplement de donner quelques jalons. Au début années 1960 l’ufologue Robert Charroux contribua lui aussi à populariser l’amalgame entre extraterrestres, nazisme et ésotérisme. Si Charroux qui se revendiquait Rose-Croix, émettait des réserves face aux théories de H. P. Blavatsky, il n’en demeure pas moins que sa pensé, comme l’a montré Wiktor Stoczkowski, est largement tributaire des écrits de la fondatrice de la Société Théosophique.
Nous pouvons également signaler quelques années plus tard le cas de Erich von Däniken (1968 pour Däniken, 1974 pour le pic de vente de livres sur les anciens astronautes) dont les théories ne sont pas sans lien avec la Société de Théosophie.


Wiktor Stoczkowski a mis en évidence les relation étroite qui unissent la pensé théosophique est les
élaborations de Dänken. Cela ne veut pas dire que rien de ce qui se trouve dans le dänkensime ne manque dans la Théosophie du siècle précédent ni que tout ce qui forme la Théosophie réapparaît nécessairement plus tard dans le dänikenisme. Wiktor Stoczkowski illustre ces relations au travers de six volets essentiels de la théosophie et du dänikenisme : la théologie, la cosmogonie, l’origine de l’homme, l’histoire des civilisations, la préhistoire et l’analyse des mythes.


Contentons nous simplement de quelques exemples :

Aussi bien dans le dänikenisme que dans la théosophie nous retrouvons l’épopée des âmes qui quittent leur place au sein de la divinité, pour y retourner après avoir goûté à la conscience humaine et acquis ainsi la connaissance du bien et du mal.

Nous pouvons également souligner le parallèle qui existe entre les Gouverneurs angéliques de Blavatsky
et les extraterrestres de Däniken. La Doctrine secrète de la fondatrice de la Société Théosophique détaille la fécondation du Chaos humide par une étincelle de la Pensée divine, l’apparition du Logos et de la Sophia-Sagesse, l’émanation des Sept Gouverneurs primordiaux et, à leur suite, de toute une hiérarchie
d’êtres célestes dont font partie les Démiurges inférieurs, créatrice de notre système planétaire. Les Gouverneurs angéliques sont appelés à exercer un contrôle sur notre monde en guidant l’évolution de la nature. Ces Recteurs du monde invisible furent responsable de la création de l’homme actuel et de
l’émergence de la civilisation. Il sont, selon Blavatsky, ce que les ignorants nomment dieux, les profanes instruits Dieu et les seul initiés savent que ces Intelligences supérieurs sont les messagers de Celui dont elles ignorent la nature, tout comme les mortels. Les extraterrestres du dänikenisme assument la même fonction en se substituant au Démiurge. Selon Däniken, le genre humain serait né d’une manipulation génétique d’extraterrestres sur des hominidés.
Tous les textes sacrés relatent des contacts avec des extraterrestres et nos religions ne seraient que des souvenirs lacunaires de leurs passages sur Terre.
Cette venue dans notre monde visible à travers certains mythes et certains sites archéologiques. Ce type de théorie permet d’expliquer ce qui semble mystérieux dans l’état actuel de nos connaissances : les terrasses cyclopéennes de Baalbek au Liban, la construction des pyramides égyptiennes, les lignes ou
géoglyphes de Nazca au Pérou, etc. Le même intérêt pour les traces mystérieuses du passé se retrouve dans la théosophie (Trace des successions des civilisations).



Toujours selon Däniken, les récits religieux et les combats entre dieux ne seraient que des retranscriptions
écrites de ce dont les Hommes de l’Antiquité auraient été témoins. Il appelle d’ailleurs ces extraterrestres les « Anciens astronautes », qui seront ensuite connus sous le nom des « Anciens ». Pour cela, il s’appuie sur la Bible qui évoque, dans la Genèse, 6, les « enfants de Dieu » qui ne seraient que des extraterrestres ainsi que leur métissage avec certaines femmes humaines. Il fait même des fondateurs de religions soit des extraterrestres, soit des « contactés ».


Selon Wiktor Stoczkowski, les conceptions de la Société Théosophique entretiennent d’étroites relations avec la théorie des Anciens astronautes (idée que l’origine de l’humanité est le résultat d’une manipulation opéré par des êtres de l’espace) : « En se nourrissant du passé, le présent ne manque jamais de le transformer, et si la Théosophie peut être envisagée comme la “cause matérielle” de la théorie des Anciens Astronautes, c’est parce que les auteurs de cette dernière, s’ils avaient pris la Théosophie pour prototype, auraient pu en tirer leur propre conception au moyen de modifications bien limitées, en
conservant à la fois les composantes du modèle théosophique et la structure gnostique de celui-ci.
»



Occultisme, théosophie, conspirationisme, radicalisme de droite et ufologie

Comme nous pouvons le constater, dès les années 1960 se met en place les différents éléments qui
constitueront la base des écrits postérieurs (Charroux est déjà très proche des synthèses future). Les deux décennies suivantes, jusque à la fin des années 1980, voient se constituer les premières synthèses qui sont alors confidentielles. Le roman de Wilhelm Landing ou les créations groupusculaires d’un Jean-Claude Monet en témoignent.


En 1971 parait chez l’éditeur Hans Pfeiffer, Götzen gegen Thulé de Wilhelm Landing qui présente de troublantes similitudes avec le livre de van Helsing. L’ouvrage dont le sous-titre est : « un roman plein de réalités », raconte l’histoire de deux aviateurs allemands dont l’avion s’est écrasé en Arctique.
Là, ils sont secourus par un officier SS Gutmann qui devient leur guide. Après avoir été initié aux secrets de Thulé et pris conscience du combat occulte contre Israël, les deux aviateurs vont parcourir le monde dans le but d’unifier différents groupes dont les idéaux sont en accord avec ceux des thuléens. Comme
le souligne Joscelyn Godwin, Götzen gegen Thulé est « un énorme travail de révisionnisme » ainsi qu’une « reprise de la philosophie de la Rivolta d’Evola (Rivolta contro il mondo moderno, de Julius Evola – NDLR), en l’adaptant en roman, afin d’enseigner à un certain public les mythes et la politique de la Thulé arctique, auxquels on adjoint d’autres mythes modernes, comme les ovnis (construits ou non par l’homme), le Royaume souterrain, les Cathares et les Albigeois, le Saint-Graal, la survivance nazie, les maîtres himalayens et le complot international à la fois politique et occulte ».



Jean-Claude Monnet, petit neveu du peintre Monnet a fondé, depuis les années 1960, diverses structures aux noms improbables, influencées par un occultisme nazifiant. Il créa notamment un groupe pseudo-druidique, qui se transforma ensuite en OSS-Religion des druides. En 1963, cette structure devint l’Organisation des Vikings de France avant de se transformer en un éphémère Parti Prolétarien National-Socialiste qui fut remplacé en 1969, par une Grande Loge Du Vril dont le nom est une référence directe aux thèses sur le soubassement occultes du nazisme. Toutes ces structures se caractérisaient par un télescopage de références diverses : ésotérisme nazi, le christianisme, la kabbale, le celtisme, le tao, le Ku Klux Klan, la Golden Dawn, la théosophie, les auteurs de science-fiction (notamment Bullwer-Lytton, Lovecraft et Jimmy Guieu).


Parallèlement à cette activité, Jean-Claude Monnet semble avoir milité dans divers groupuscules d’extrême droite et ses activités attirèrent l’attention de revues de ce milieu : en 1969, Le Charivari signalait l’appartenance de certains membres de son groupe néo-druidique aux groupuscules néo-fascistes Nouvel Ordre Européen et Phalange française. De fait, les membres de la Grande Loge Du Vril portaient, lors de leurs cérémonies, des brassards arborant des runes et rappelant le brassard nazi, et levaient le bras droit. En 1984, il fonde son groupe ufologique, la Golden Dawn OSS, qui deviendra l’année suivante le
U-Xul-Klub ou club des surhommes. Il s’agit d’un groupe d’une petite dizaine de personnes, dont les idées restaient influencées par l’extrême droite : pour sauver l’humanité, il faut combattre selon ce groupuscule « l’égalitarisme, le pacifisme, l’athéisme, le monothéisme, l’homosexualité, la démocratie parlementaire et le féminisme».
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MessageSujet: Re: Littérature ufologique et dérives conspirationnistes   Littérature ufologique et dérives conspirationnistes Icon_minitimeVen 5 Fév - 23:28

A partir des années 1990 alors que l’ufologie commence à décliner nous assistons une popularisation
d’une littérature mêlant ufologie, théorie du complot, éléments empruntés à l’occultisme et/ou à la théosophie et des discours politiques radicaux, hors des groupuscules d’extrêmes droites. Deux éléments peuvent être mis en avant pour expliquer se phénomène : la montée en puissance parmi les ufologues des
thèmes conspirationnistes et la diffusion des discours qui nous occupent au sein du network New Age.


Le conspirationnisme a été vulgarisé dans les milieux ufologiques aux États-Unis vers la fin des années 1980 par deux auteurs : John Lear et William Cooper (1943-2001), ce dernier ayant été assassiné en 2001 dans des circonstances douteuses (il fut tué lors d’un échange de tir avec des policiers venus l’arrêter). John Lear aurait été un ancien pilote de la CIA tandis que Cooper aurait été un ancien militaire. Ce dernier était surtout un milicien chrétien aux thèses conspirationniste et millénariste. C’était aussi un animateur-radio dont l’émission était appréciée par les milices patriotiques et surveillée par la Maison Blanche. Son œuvre connut un réel succès et fut traduit en plusieurs langues. Nous y retrouvons un ensemble de thématiques qui nous sont déjà familières : critique de l’Etat vu comme une entité adepte du complot désirant asservir les citoyens américains, science nazi « révolutionnaire » puisque selon lui des hommes de science nazis, récupérés par la CIA, travailleraient même pour les extraterrestres et seraient à l’origine du sida, intégration à son œuvre des Protocoles des Sages de Sion, republié intégralement dans son livre Behold a Pale Horse (« Voici le cheval pâle »), etc. Si les emprunts fait à l’occultisme et à la théosophie restent discret nous devons pourtant souligner que selon Cooper toutes les sociétés « secrètes » de l’histoire de l’humanité : occultistes, franc-maçonniques, politiques, ainsi que les fameux « Illuminati », auraient été créées par les extraterrestres pour nous asservir. « Tout au long de l’Histoire, les aliénigènes [néologisme pour extraterrestres] n’ont cessé de manipuler et de régenter l’humanité par le biais de diverses sociétés secrètes, de l’occultisme, de la magie, de la sorcellerie et de la religion ». Selon Cooper, les dirigeants du MJ12 auraient été membres de sociétés occultes dont des sociétés universitaires comme « Skull ans Bones » (Harvard) et « Scroll and Key » (Yale). Pour lutter contre ces organisations, une contre-société secrète aurait été mise en place en 1952 à Genève, les Bilderburgers, qui auraient rapidement échappé à tout contrôle devenant une sorte de gouvernement mondial occulte.

Malgré son succès l’œuvre de Copper reste pourtant cantonnée aux milieux ufologiques. Elle contribue certes à populariser les discours que nous étudions ici, mais n’est qu’une étape de cette diffusion. En effet, la « massification » de ce type de discours ne peut être rendue réellement efficiente que grâce à une diffusion hors des champs trop étroits de l’ufologie déclinante et/ou des radicalismes de droites. Ce sont visiblement les réseaux du New Age qui offrirent aux élaborations qui nous occupent la possibilité de gagner de nouveaux adeptes.

Le New Age peut en effet être vu comme un phénomène de société remontant aux « cultures » des années 1950 qui s’intéressait aux Ovnis et aux extraterrestres et rejetaient le matérialisme contemporain. Leurs croyances reposaient sur un syncrétisme occultiste dans lequel la théosophie chrétienne et l’anthroposophie se trouvaient liées à la conviction que les ovnis étaient des astronefs peuplés par des habitants d’un autre monde. Ces extraterrestres devaient sauver les hommes. Les personnes arrivées à une compréhension véritable des lois spirituelles de l’univers seraient appelées à devenir les pionniers d’une aire nouvelle : « le New Age ».

Le New Age au sens plus large est un phénomène plus diffus et plus récent. Il est lié au développement dans les années 1960 et 1970 de recherches « alternatives » dans divers terrains : médecine, économie, écologie, politique, religions, etc. Mais ce n’est que dans la seconde moitié des années 1970 que les différents représentants de ces « alternatifs » se considérèrent comme les membres d’un réseau. C’est finalement dans les années 1980 que le mot de New Age fut emprunté au courant millénariste.


Nous avons dit au début de cet exposé que van Helsing a emprunté une partie de son discours au New
Age
, cela mérite quelques précisions. En effet, il semble que la crise que traversa le New Age à la fin des années 1980 et au début des années 1990 conduisit à certaines évolutions propulsant au premier plan un courant jusque là minoritaire que nous qualifierons de Next Age. Massimo Introvigne dans sa préface à l’édition française de son livre Le New Age des origines à nos jours, définit le Next Age par deux
modifications fondamentales du discours par rapport au New Age ; en premier lieu par le passage d’un « millénarisme progressiste » (c’est-à-dire porteur d’améliorations collectives cosmiques et sociales) à un «
millénarisme catastrophiste » (c’est-à-dire porteur d’un future des plus sombre), et en second lieu par le passage d’un but de transformation collective à une transformation de type individualiste. Or si l’on se penche sur les dires de van Helsing avec en tête cette distinction, l’on est en droit de se demander s’ils ne relèvent pas plus du Next Age que du New Age. En effet, le monde à venir que laisse entrevoir le Livre Jaune est des plus inquiétant, surtout, si on considère comme l’auteur que la prise de pouvoir par les Illuminatis ne connaît pas de réelle limite et que l’on a conscience de leurs crimes passés. Notre société est comparée par l’auteur au Titanic et à son naufrage : « Symboliquement, cette catastrophe représente bien notre société, perturbée, qui court à sa propre perte ». Ce « millénarisme catastrophiste » se voit doublé d’un message individualiste n’appelant pas à la réalisation collective d’un nouvel age, mais plus simplement à une évolution individuelle puisque « seuls ceux qui sont partant pour se transformer feront des expériences merveilleuses. Ils vivront ce qui a été prédit comme l’Age d’or, tout simplement parce qu’ils obéiront à cet élan qui les poussera à progresser intérieurement ». Pour les autres, « ceux qui ne veulent pas se débarrasser des vieux schémas, [ils] devront rester sur le carreau ».

La distinction que nous venons d’opérer entre New Age et Next Age est à notre avis loin d’être anecdotique pour expliquer comment une œuvre telle que le Livre Jaune a pu voir le jour et connaître un tel succès. Le passage d’un « millénarisme progressiste » à un « millénarisme catastrophiste » permet
indubitablement d’intégrer à un discours New Age des théories conspirationnistes venues des droites radicales marquées elles aussi par une vision pessimiste du futur. De plus, les accents individualistes du Next Age ne sont pas sans rappeler l’élitisme révolutionnaire présent dans les droites radicales ; la transformation sociale ne venant pas des masses mais d’élites les guidant.



Si, comme nous le pensons, les deux traits qui caractérisent le Next Age permettent l’élaboration de discours comme celui de van Helsing, nous devons également constater qu’ils en facilitent leur diffusion au sein des réseaux des New agers. C’est par hasard en nous renseignant auprès d’un ami scientifique
sur les théories de van Helsing au sujet de l’énergie que nous avons été amenés à nous pencher sur la revue Nexus. En effet, quelle ne fut pas notre surprise de constater que notre ami connaissait les théories sur « l’énergie libre ». Interrogé sur l’origine de son savoir, il nous expliqua qu’une amie de sa mère évoluant dans les milieux New Age avait laissé chez elle des exemplaires de la dite revue.


La revue Nexus France est une adaptation de la revue australienne du même nom. Le premier numéro porte la date de Mars-Avril 1999 et est éditée par les éditions Moan S.A.R.L. à Les Cheyroux, c’est-à-dire dans le même lieu que les éditions Amrita, qui éditent les ouvrages de Daniel et Anne Meurois-Givaudan. Cette dernière est d’ailleurs mentionnée dans l’ours comme éditrice. Le ton New age de la revue mélange des articles sur la santé (para-médecine), la para-science, l’écologie, la spiritualité, le conspirationnisme, la crypto-histoire et l’ufologie. Dans ce premier numéro, nous retrouvons au milieu d’articles sur la pollution médicamenteuse de l’eau, la consommation de graisse aux Etats-Unis, ou encore l’ostéoporose, un texte intitulé « Nouvelle science » traitant d’un accumulateur électrique pouvant capter l’énergie
de la Terre identique aux machines à « énergie libre » décrites par van Helsing, et plusieurs écrits au ton conspirationniste traitant, entre autre, de rencontres entre des militaires Américains et des Aliens au Cambodge ou encore des Banques centrales où il est précisé que « qui a le contrôle sur les fonds monétaires, contrôle aussi les gouvernement et les peuples ». La rubrique « livres » de la revue mentionne entre autre « La Guerre des Virus » des éditions Félix.



La suite de l’article sur les Banques centrales qui parait dans le deuxième numéro de la revue en mai-juin 1999, reprend certains éléments du Livre Jaune, notamment lorsqu’il est question des Rothschild. Dans ce même numéro se trouve également un article intitulé « Le Nouvel Ordre Mondial et l’esclavage par le contrôle de la pensée ». L’auteur mentionne l’existence d’un esclavage mental ou « contrôle mental programmé de l’esprit » mis au point par les savants Nazis dans le cadre de l’opération paperclip pour le compte des Illuminati ainsi que le développement de ces nouvelles technologies et leurs applications par le «Nouvel Ordre Mondial ». Il s’étend aussi longuement sur des rites sataniques et pédophiles. En voici la conclusion : « Les abus sexuels d’enfants et l’horrible technologie du contrôle de l’esprit peuvent être le dogme de foi des pratiquants du satanisme aussi bien que celui des programmateurs. Ils peuvent aussi être symptomatique d’un combat plus vaste à l’échelle cosmique. En fait, il se pourrait que cette guerre spirituelle, et la destruction des valeurs absolues, soit la vraie raison de la mise en lumière des abus rituels, et du contrôle de la pensée. Pendant ce temps-là, l’impérialisme satanique continue sa route, invaincu, et la bataille pour la planète Terre passe à l’étape suivante ». Parmi les sources citées pour ces articles un certain nombre se retrouve chez van Helsing.

Ces références implicites au Livre Jaune ne doivent pas nous surprendre. En effet, Anne Givaudan mentionné dans l’ours comme éditrice de la revue, s’est elle aussi lancé dans des écrits conspirationnistes. Après avoir écrit depuis 1980 de nombreux livres New Age – nous pouvons citer entre autre Récit d’un voyageur de l’astral (1980), La Terre d’Emeraude : témoignage d’outre-corps (1983), De mémoire d’Essénien (1984), Les Robes de Lumière (1987), etc. – elle publie, en 1995, Celui qui vient et
Les Dossiers sur le Gouvernement Mondial en 1996. Ces deux ouvrages abordent des thèmes proche de ceux de van Helsing qui est d’ailleurs une des références majeures de l’auteur. Elle n’hésite pas à qualifier Les Sociétés Secrètes au XXe siècle – titre original du Livre Jaune – « d’excellent ouvrage », et en reprend des passages entiers sans toutefois utiliser les éléments explicitement antisémites ou faisant référence aux Protocoles des Sages de Sion. Et si, comme pour van Helsing, nous retrouvons un discours New Age, puisque ici l’écriture serait suggérée par des « Etre de Lumière », nous voyons aussi se dessiner un « millénarisme catastrophiste », marqué par l’individualisme :



« Même si nous savons comment faire, nous nous contentons bien souvent de rêver à ce futur en
espérant que d’autres, nos enfants, ou des personnes plus courageuses le concrétiseront. Seulement voilà, il n’est plus temps d’attendre le voisin ou l’enfant ou l’être courageux qui “fera” à notre place. Le choix est imminent !
Le gouvernement de l’Ombre a fait son choix depuis longtemps et met en application ce en quoi il croit. Aucune perturbation ne peut le détourner de son but.
»



Il est impossible d’affirmer comme pour van Helsing qu’il s’agit dans le cas de Anne Givaudan d’une volonté délibérée de faire passer sous le bais d’un discours ésotérique des idées radicales. En effet, elle est une figure bien connue des milieux New Age français et ne semble pas engagée dans un réel combat politique. Ses oeuvres semblent plus être l’illustration d’une contamination entre sous-cultures.


Au travers du cas de van Helsing nous avons pu voir comment s’est élaboré et popularisé un discours
qui précède d’au moins 25 ans le Livre jaune, et qui est demeuré pour le moins confidentiel jusqu’aux années 1990. Ce succès peut en parti être expliqué par une diffusion qui vise de nouvelles cibles. Car si le Livre Jaune est inconnu des milieux de droite radicale, il fut un best seller dans les réseaux du Nouvel Age. Ce repositionnement fut indubitablement facilité par la présence de liens antérieurs entre ésotérisme et conspirationnisme ufologique mais fut également rendu possible, selon nous, par la désillusion du New Age, qui fit passer au premier plan un courant resté jusque là minoritaire : le Next Age. En recentrant le discours sur un « millénarisme catastrophique » et une évolution individuelle, le passage au Next Age a permis d’intégrer facilement des thèmes conspirationnistes et politiques venus des droites radicales.





Stéphane François est historien des idées, politologue et directeur de la collection « Chemins de traverse(s) » aux éditions de la Dame en Noir. Emmanuel Kreis est doctorant à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes. Il a établi, annoté et introduit une anthologie intitulée Les puissances de l’ombre : Juifs, jésuites, francs-maçons, réactionnaires… la théorie du complot dans les textes (CNRS, 2009). Ils ont publié en janvier un ouvrage commun : Le complot cosmique. Théorie du complot, ovnis, théosophie et extrémistes politiques, Milan, Archè (préface de Jean-Bruno Renard, postface de Jean-Pierre Laurant).

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MessageSujet: Re: Littérature ufologique et dérives conspirationnistes   Littérature ufologique et dérives conspirationnistes Icon_minitimeSam 6 Fév - 0:42

Merci flower pour cette petite précision.
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Littérature ufologique et dérives conspirationnistes I_Haunebu2-05_1_
Et le beau freezbee nazi !

SCHAUBERGER Viktor

A noter :
Citation :
Le Livre jaune n°5 se présente comme un enchevêtrement complexe juxtaposant différents discours.
Van Helsing entrecroise le New Age, l’ufologie nazie, le conspirationnisme antijudéo-maçonnique, et l’aryosophie, multipliant ainsi les cibles potentielles de l’ouvrage. Comme nous le verrons, ce Livre Jaune n’est pas un cas isolé et la question se pose de comprendre comment ces textes et discours ont pu voir le jour et quelles sont les raisons de leurs succès ?

Citation :
Ces références implicites au Livre Jaune ne doivent pas nous surprendre. En effet, Anne Givaudan mentionné dans l’ours comme éditrice de la revue, s’est elle aussi lancé dans des écrits conspirationnistes. Après avoir écrit depuis 1980 de nombreux livres New Age – nous pouvons citer entre autre Récit d’un voyageur de l’astral (1980), La Terre d’Emeraude : témoignage d’outre-corps (1983), De mémoire d’Essénien (1984), Les Robes de Lumière (1987), etc. – elle publie, en 1995, Celui qui vient et
Les Dossiers sur le Gouvernement Mondial en 1996. Ces deux ouvrages abordent des thèmes proche de ceux de van Helsing qui est d’ailleurs une des références majeures de l’auteur. Elle n’hésite pas à qualifier Les Sociétés Secrètes au XXe siècle – titre original du Livre Jaune – « d’excellent ouvrage », et en reprend des passages entiers sans toutefois utiliser les éléments explicitement antisémites ou faisant référence aux Protocoles des Sages de Sion. Et si, comme pour van Helsing, nous retrouvons un discours New Age, puisque ici l’écriture serait suggérée par des « Etre de Lumière », nous voyons aussi se dessiner un « millénarisme catastrophiste », marqué par l’individualisme :

Citation :
Au travers du cas de van Helsing nous avons pu voir comment s’est élaboré et popularisé un discours
qui précède d’au moins 25 ans le Livre jaune, et qui est demeuré pour le moins confidentiel jusqu’aux années 1990. Ce succès peut en parti être expliqué par une diffusion qui vise de nouvelles cibles. Car si le Livre Jaune est inconnu des milieux de droite radicale, il fut un best seller dans les réseaux du Nouvel Age. Ce repositionnement fut indubitablement facilité par la présence de liens antérieurs entre ésotérisme et conspirationnisme ufologique mais fut également rendu possible, selon nous, par la désillusion du New Age, qui fit passer au premier plan un courant resté jusque là minoritaire : le Next Age. En recentrant le discours sur un « millénarisme catastrophique » et une évolution individuelle, le passage au Next Age a permis d’intégrer facilement des thèmes conspirationnistes et politiques venus des droites radicales.

Là je pense que l'on est au coeur du sujet, le jeu de l'ombre et la lumière.
Le livre jaune est considéré comme une bible dans les milieux conspirationniste, et c'est une référence dans les milieux new âge ...
Paradoxale non ?
Et bien non je ne trouve pas: thèse /antithèse=synthèse.
Nous avons ici tout les éléments pour rendre l'humanité complétement folle.
Vous voulez la vérité ?
La vérité c'est qu'il n'y en a pas.Au final il y aura juste un résultat.

Si vous avez des questions (si vous en avez pas je vous dit bravo) n'hésitez pas !
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