111 morts, 250 parties civiles et seize ans d’instruction... Le procès de "l’hormone de croissance" s’est ouvert, mercredi 6 février, alors que dans le même temps, l’enquête sur les effets secondaires du vaccin contre l’hépatite B s’oriente vers les laboratoires et l’administration.
Suite au lancement d’une campagne nationale lancée par Philippe Douste-Blazy, alors ministre de la Santé, plus de 20 millions de Français ont été vaccinés entre 1994 et 1998 contre le virus de l’hépatite B, maladie à l’origine de cirrhoses ou de cancers du foie. 70 millions de doses ont été écoulées. Depuis, 1 300 personnes vaccinées ont subi des effets secondaires neurologiques, dont un millier de
scléroses en plaques, selon certaines estimations.
Face à une corrélation temporelle, la question d’un lien de causalité entre le produit et ces effets indésirables est posée, mais à ce jour, aucune des expertises médicales réalisées ne le confirment.
Pourtant, quatorze ans après la campagne nationale de vaccination contre l’hépatite B, l’affaire connaît de nouveaux questionnements, avec la mise en examen pour "tromperie aggravée" de responsables des deux laboratoires ayant mis au point et commercialisé le vaccin. La campagne de vaccination massive contre l’hépatite B de 1994 était-elle nécessaire ?
Alors que dans ce dossier l’instruction se poursuit, celui de l’hormone de croissance contaminée a entamé sa phase finale, depuis le mercredi 6 février 2008 et l’ouverture de son procès devant le parquet de Paris.
Scandale sanitaire comparable à celui du sang contaminé selon certains, l’hormone de croissance contaminée a tué, à ce jour, 111 jeunes Français qui ont développé la Maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ) et en sont morts.
Au banc des prévenus, sept médecins ou scientifiques répondent d’homicides involontaires et, pour la plupart, de " tromperie aggravée".
L’hormone de croissance, un remède pour les enfants qui souffrent de nanisme ou de problèmes de petite taille, a été proposé sur le marché français dans les années 60. Pour gérer sa production, est créée, en 1973, l’association France Hypophyse, dont le but est de collecter les glandes, centraliser la production, avec l’Institut Pasteur, et la distribution du médicament, avec la Pharmacie centrale des hôpitaux.
L’affaire débute, sur le plan judiciaire, en décembre 1991, avec le dépôt d’une plainte par les parents d’Yliassyl, un enfant emporté par la MCJ après avoir reçu de l’hormone de croissance dans les années 80. L’enquête qui est déclenchée mettra à jour de graves dysfonctionnements, notamment dans la collecte de l’hormones sur les hypophyses de cadavres humains.
Et ce, alors que dès 1980, le professeur Luc Montagnier avait alerté sur les risques de contamination infectieuse liée à l’utilisation de l’hormone d’origine humaine et que, quatre ans plus tard, cette hypothèse est validée aux Etats-Unis suite à l’autopsie d’un jeune homme décédé de la maladie de Creutzfeldt-Jakob.
La commercialisation de l’hormone d’origine humaine est alors stoppée nette outre-Atlantique, au profit de l’hormone de synthèse. En France, ces alertes restent lettre morte jusqu’en avril 1988, date qui marque la fin de l’hormone d’extraction. Les premiers décès surviennent l’année suivante et se succèdent, à raison d’une dizaine chaque année.
111 décès avérés à ce jour, auquel il faut ajouter le risque de contamination pour les 1 500 autres personnes traitées à l’hormone de croissance humaine, la période d’incubation pouvant être de trente ans.
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