geranium moderateur
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| Sujet: Une vision critique du paranormal en bande dessinée ! Sam 23 Mai - 23:57 | |
| "LE DEVIN" ( R. Goscinny et A. Uderzo, Hachette)
Il y a peu de bandes dessinées qui offrent une vision critique du paranormal. Cela semble une raison suffisante pour s’en délecter quand un auteur se tourne dans cette direction.
Goscinny , dans la série des aventures d’ Astérix, n’a pas hésité à utiliser le thème de la voyance dans une de ses histoires. Elle a paru, il y a plus de trente ans, mais elle est toujours aussi jubilatoire pour celui qui la relit que pour celui qui la découvre pour la première fois.
D’entrée de jeu, Goscinny résume la situation de l’époque en une page (p.9). Les peuples de l’antiquité croyaient vivre sous la tutelle d’une myriade de dieux qui, tour à tour, les protégeaient ou les menaçaient. Ils s’adressaient alors à des devins, des prophètes, des augures, des haruspices afin d’essayer de prévoir leurs caprices. Si certains devins avaient parfois des idées raisonnables, la plupart rapportaient n’importe quoi. En bref, dit-il, c’étaient des charlatans exploitant la crédulité, la peur et la superstition de l’homme. Selon nous, ce jugement est toujours valable.
Un « devin » se présente au village apeuré, soumis à une violente tempête. Il prédit que le beau temps va revenir. Et c’est le cas ! Du coup, malgré le scepticisme et les explications d’ASTÉRIX, les habitants vont s’en remettre au devin Prolix. Il leur prédit tout ce qu’ils ont envie d’entendre : amour, succès, réussite, en échange d’argent et de biens. Mais capturé dans la forêt par les romains qui entourent l’irréductible village, le devin n’échappe à la déportation qu’en promettant à leur centurion de forcer les gaulois à quitter le village. Il y parvient en annonçant à ses habitants que celui-ci va être envahi par un air empoisonné. Tout le monde fuit sauf Astérix et son ami, porteur de menhirs, Obélix. Le centurion prévient alors César que toute la Gaule est maintenant occupée. Mais le druide Panoramix, revenu de voyage entretemps, produit alors en secret et chimiquement un nuage puant mais sans danger. Le faux devin en est le premier sidéré. Serait-il réellement devin ? Le nuage se dissipe et les gaulois, se rendant compte qu’ils ont été dupés par Prolix, rentrent dans leur village puis se rendent au camp romain pour flanquer une trempe au charlatan qui s’empresse de filer et montrer aux romains que la Gaule n’est toujours pas entièrement occupée !
Le récit bien rythmé est plein de remarques humoristiques, de jeux de mots réjouissants et d’anachronismes cocasses ce qui ajoute encore un plus à la validité du propos.
Astérix et Panoramix sont les sceptiques de service et « l’expérience » menée par le second aura finalement raison de l’imposteur. Dans notre vie quotidienne on peut hélas constater amèrement que les sceptiques gagnent moins facilement la bataille contre l’imposture.
Michel SOUPART | |
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